Passage

J’essaie de me rappeler le terme français équivalent. Je pense à traversée mais il me semble que ce n’est pas tout à fait ça car, il ne s’agit pas ici d’une traversée mais tout de même d’une longue randonnée. Ce matin je me sentais en forme après une nuit tout à fait calme au quai municipal de Beach Haven. Une charmante petite ville de villégiature sur la côte à quelques miles de New York. Puis elle a le charme d’avoir une bibliothèque avec une super connexion internet publique. Un arrêt non prévu mais à mettre à votre agenda. Si vous voulez plus de tranquillité encore, vous pouvez aller dormir à l’ancre tout juste 500m plus loin dans une petite enclave où j’ai aperçu deux voiliers en passant.

Ceci pour répondre à la question de mon ami James qui est trop timide pour la poser sur le BLOG mais m’envoie plutôt des courriels. Dommage parce qu’il a un sens de la taquinerie alimenté par un humour noir qui vous ferait craquer. Ça fait des années que je lui dit que si jamais il arrive à la retraite, je lui propose un partenariat pour écrire des textes humoristiques.

Alors, pour lui et mes autres lecteurs favoris qui ne sont jamais montés à bord, je vous invite à prendre le quart avec moi ce matin.

9h00 – Je me sens bien après mes ablutions matinales et mon éternel combiné: agrume/yogourt/café. Il fait beau et pas de vent de prévu sauf un léger vent du sud plus tard qui ne m’aidera pas pour la voile; c’est par là que je m’en vais. Et le beau temps me donne le goût de faire du chemin aujourd’hui. J’opte donc pour un long quart qui pourrait durer jusqu’à 10 ou 11 heures. Bon je sais qu’habituellement, les quarts c’est 4 heures mais je peux partager avec P.A. mon pilote automatique. Quand Loulou était là, on a essayé de lui trouver un nom italien pour faire la différence avec Albert mon autre pilote un peu plus rustique (un bout de corde attaché sous le vent et un élastique qui le retient au vent. Ça demande de la surveillance mais ça repose le bras de toujours tenir la barre. Alors P.A. fera sa part quand j’aurai besoin de prendre un pause ou de m’occuper de quelque chose d’autres comme hisser les voiles ou aller chercher quelque chose à boire à l’intérieur.

9h30 – Devant la sortie possible par Little Egg Inlet, j’opte pour la voie intérieure. Deux raisons. D’abord, c’est une Entrée classée «  avec connaissance locale » parce que les fonds ne sont pas stable et les profondeurs bougent au gré des ouragans. Et j’ai déjà donné dans une de celles-là quand je suis descendu la première fois il y a un peu plus de 20 ans sur Maïté, un Pearson 30, heureusement indestructible. L’autre raison, je me dis que ce sera plus divertissant une journée complète à moteur si je le fais dans les détours intérieurs. Et je ne me suis pas trompé. Au marqueur 127, je reconnais parfaitement la petite plage de sable sur le bout de la pointe tout près à babord. C’est ici qu’en descendant vers les Antilles avec Michèle sur HERA, en 92 après une saison de « day charter » au Iles-de la Madeleine, j’avais manqué un marqueur dans la noirceur et que nous étions entré à bonne vitesse dans le banc de sable. Moi j’en avait touché des bancs de sable quelques années avant sur Maïté mais elle, n’en avait pas l’expérience. Ce fût un moment de haute intensité dramatique avec appels au remorquage vers Atlantique City la ville la plus proche jusqu’à ce qu’un petit croiseur vienne à passer et nous suggère d’attendre tout bonnement que la marée monte. Phiou, pas plus compliqué que ça !?!

12h00 – Atlantic City le grand Parc d’attraction de Donald. Pas le canard, mais plutôt le blond qui y a fait fortune dans les Parcs d’attraction pour adultes: les casinos de la ville. Distrait par l’architecture, je manque le virage et me rend compte que je suis en train de m’engager dans la direction du grand pont et de la sortie. Demi-tour et je reprends la voie intérieure qui passe derrière la ville tout près du nouveau parc d’éolienne. Faudrait voir si c’est Mr Trump qui a investi là-dedans aussi. Si oui, allez-y car il ne se trompe pas beaucoup dans les investissements depuis les casinos. J’aurais dû sentir l’appel du large car moins d’un mile plus loin je me heurte au premier pont basculant qui est en réparation pour l’hiver.

13h00 – La décision s’est prise pour moi, je suis sous Grand’voile et Génois No2 en sortant de l’Absecon Inlet direction sud. Le vent est léger et tout juste dans la direction qui me permet de faire route à 4 Nds, au prés serré. À cette vitesse là, je ne me rendrai pas à Cape May ce soir mais mon plan prévoit que j’y couche demain soir alors, je ne suis pas pressé. J’avais juste le goût d’y aller, ce matin.

14h30 – Je passe Ocean City, où je dois me décider: dehors ou dedans car, c’est la seule entrée possible pour moi avant Cape May. Il fait beau, ça va bien en mer. le vent est léger la vague demeure sous 50cm. J’opte donc pour un truc de marin pragmatique et je mets le moteur en marche à bas régime. Au près serré par vent léger, ça permet de garder le rythme même quand le vent faibli par moment. Comme si on fabriquait son propre vent. C’est une allure plaisante et confortable que nous pratiquions dans les « passages » entre St.Marteen et les Iles Vierges Britanniques à l’époque. C’est aussi sous cette allure que nous avions traversé aux Iles-de-la-Madeleine, la première fois. Une traversé presque mythique qui me revient à l’esprit et que je revis en imagination incluant la rentrée spectaculaire à Cap-aux-Meules avec Alain Cyr pour nous accueillir au quai.

Alors, allons-y pour Cape May,25 Miles plus bas aujourd’hui. Temps estimé d’arrivée: 19h30. Je m’engage pour un long bord.

Une façon que j’ai apprise pour faire passer le temps lors des quarts de nuit, c’est l’I-Pod et les écouteurs. Alors, même si nous sommes de jour, ce sont Chris de Berg, Tricot machine et Ron Stewart qui vont m’accompagner, jusqu’à bon port.

Et je pense à ce petit motel d’Ocean City on nous étions installés, Michel, Jeannine et Marie-Thérèse, la fois qu’on revenait du Playboy Club de Great Gorge où nous nous étions fait photographiés tenant une Bunny par la taille, Michel et moi. J’espère qu’il guérit bien de son opération au dos mon petit frère hospitalisé et que je le verrai en Floride à mon arrivée.

18h00, Rod Stewart qui chante « Your my soul. » sur un coucher de soleil que j’attrape à travers les Montagnes russes de Wildwood. Wildwood, le « package deal » favori de Denis, mon autre petit frère, celui qui avait trouvé un proprio de Motel qui lui échangeait du séjour contre des travaux de fer forgé. On est tous un petit peu entrepreneurs chacun à sa façon, dans la famille. Plus qu’une heure pour arriver à Cape May que Marie-Thérèse à toujours trouvé plus sympatique que Wildwood. Même si les filles, elles préféraient le « Cirque » de Wildwood. 1000Km de route pour les amener à la plage, à la mer, mais c’est le cirque au bout du Boardwalk qui les excitait le plus.

19h30 – Je suis bien ancré à gauche à l’intérieur, comme prévu, juste avant le quai de la Garde côtière. Je reconnaît même leur grand bateau blanc avec les rayures rouges qui était là il y a 20 ans.

45 miles nautiques, 90 kilomètres, mais comme vous le voyez ça c’est bien passé finalement à une vitesse moyenne de moins de 10km/heure. Avec juste un petit serrement de coeur à l’entrée à la noirceur.

Mais est-ce que je vous ai dit, déjà, aujourd’hui c’est bien plus facile avec le GPS en main. Sur l’écran couleur qui montre le relief et les fonds, il y a cette ligne fine en rouge qui marque la route à suivre.

Allez, « Buenna Note tutti! », je termine l’écoute d’Elton John’ Duettes avant d’aller au lit.

Demain le Canal de Cape May et je me retrouve dans la Baie du Deleware que je vais remonter si le vent du Nord-Ouest prévu est au rendez-vous.

Pour répondre à la deuxième question de James, la proportion voile/moteur s’améliore et s’approche du 50/50 depuis Albany. Avant, c’était plutôt 20/80 ou même moins. Mais comme vous avez pu voir aujourd’hui, le temps passe bien même à moteur, pour qui a quelque chose à faire ou à penser ou même juste à se laisser bercer.

PS Retournez au Diaporama, il y a de belles nouvelles additions.

Une réflexion sur “Passage

  1. Haaaa que de beaux souvenirs me reviennent en lisant les tiens… Je vais imprimer cette chronique aussi pour l’amener à maman demain à la partie de Frédéric. Un plaisir de te lire!
    Loulouxxxxx
    —» C’est périple, je crois, e mot que tu cherchers : Long voyage comportant beaucoup d’étapes touristiques : Faire un grand périple en Grèce.
    Dans l’Antiquité, navigation autour d’une mer, d’un pays, d’une partie du monde ; ouvrage relatant un tel voyage. (Larousse)

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