Il y a 2 jours à la sortie du Dismal Swamp Canal quand j’avais l’air un peu désolé de rentrer si tard au Québec, même passe mon 75ième anniversaire, Odette me propose de m’aider à faire un convoyage et accélérer le rythme. Un peu malheureuse de ne se trouver que « passagère », elle prends l’initiative de m’aider à remonter mon bateau au Québec plutôt que de n’y être tout simplement l’invitée. Nous décidons donc de faire le plus de chemin possible; même de faire un overnight par l’extérieur à partir de Norfolk pour éviter les Baies et gagner 10 jours.

Là je trouve qu’elle exagère un peu car elle n’a aucune expérience de la mer, encore moins de d’y faire des quarts à la barre, de nuit. Rappelez-vous que mon beau pilote automatique flambant neuf attends toujours que je règle mon problème de barre trop dure à tourner pour collaborer.
Alors je propose qu’on fasse plutôt ce 36h sans arrêt dans la Baie Chesapeake. Par prudence, au cas où…
Et bien sorti à 9h30 du matin de la dernière écluse du Dismal Swamp Canal, nous passons Norfolk sans nous y arrêter et remontons la Baie avec un arrêt pour plein d’essence à Deltaville, jusqu’à Solomons Island ou je m’arrête habituellement pour rendre visite à mon ami Jerry.
Nous y sommes rentrés à 22h30, donc, on oublie Jerry et on jette l’ancre dans un coin de la rivière. Je me fais un sandwich rapide avant de dormir tout rond. O est déjà partie chez Morphée il y a un petit bout de temps avec l’assistance de quelques demis-gravols pour contrer l’effet du mouvement Rock & Roll de la vague d’un mètre par l’arrière au trois-quart.
Ce matin au réveil, je regarde le désordre dans mon bateau et je me demande ce que je fais là. Je ne suis pas chez-moi avec les choses toutes en désordre et les « laissés là » pour demain.
Là, je me rappelle qu’il y a quelques jours Marise m’écrivais justement : « Prend ton temps Papa, rien ne te presse. »
Puis me me rappelle que je suis en train d’écrire le « Guide de l’intracostal en mode flâneur. » Et que je répète à qui veut l’entendre que « je ne descend pas mon bateau dans le sud mais que je descend dans le sud avec mon bateau ». Alors, ça devrait être pareil pour la remontée. Non?!
Alors, ce matin, au lieu de partir à 5h30, je me suis retourné de bord et j’ai dormi jusqu’à 7h puis après un bon café et une discussion de fond avec ma partenaire de convoyage, ma chum Odette, nous avons décidé que nous faisions d’abord le ménage du bateau. Puis qu’on prendrait la route en direction du nord avec l’espoir d’arriver en quelque part un peu plus haut à un moment donné en fin d’après midi.

Puis de jeter l’ancre, de se baigner un peu, de se préparer une collation et je jaser un petit moment en dégustant un verre de rouge, puis vers 19h de se mettre à la préparation d’un bon dîner que nous prendrons le temps de savourer ensemble, en tête à tête.
Je me promène en bateau pour le plaisir; je ne fais pas de convoyage de yacht.
J’admire Yves qui a l’énergie de faire ça et d’aimer ça. Je suis heureux pour Alain qui va sortir de Norfolk demain et monter directement à New York sur un bateau un petit plus gros que le mien. Avec sa chum et une équipière à bord.
Mais ce matin, je ne rends bien compte que mes chums de bateau sont tous un peu plus jeunes que moi.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Mais le rafting en eaux vives doit demeurer un doux souvenir.
PS Sorry Jerry, I was not on the right track passing Solomon’s Island.
PPS Rassure-toi Manon, à Havre de Grâce, je suis redevenu en mode : « promenade en bateau ».