The Albany Yacht Club

Walter a raison, il y a un quelque chose qui est associé à l’expression Yacht Club qui a de la classe comme ça ne se peut pas. Tom m’accueille en courant: Vous auriez dû m’appeler; j’aurais été sur le quai pour attraper vos amarres. Merci Tom, mais dites-moi plutôt où sont les douches. Un des grands plaisir de la croisière; la douche après trois ou quatre jours.

Fraîchement rasé, je peut probablement prendre la chance d’aller en ville remplacer mon chargeur d’ordi qui m’a lâché à la première occasion ce qui explique mon absence temporaire. Tom m’indique où je vais trouver transformateur et chargeur et Ça adonne bien, il y a un Starbuck en face du Staples. Je renvoies mon taxi et m’installe au Starbuck devant mon ordi qui a repris vie et un Caffe Latte (ouais). M’enfin, je suis de retour dans la vie des communications c’est l’essentiel. Au Starbuck car on a débranché le WiFi hier au Yatch Club, on se prépare doucement pour l’hiver. J’appelle Tom et lui demande d’indiquer le chemin pour venir me chercher quand elle arrivera dans une heure Ce qui me donne juste le temps de quelques courriels.

Mais voilà qu’à peine 15 minutes plus tard, arrive Mr O’leary, membre du conseil d’administration du Albany Yacht Club. « Êtes-vous le canadien qui est au quai au Yacht Club? » « Oui..? … « Je suis venu vous ramener au Club. » « Hum ma fille arrive dans une petite heure et je préfèrerais rester ici pour le WiFi. » «  Je vous l’ai rebranché il y a un instant, prenez le temps de votre café, je vous attend dehors dans mon véhicule (tu devrai voir l’Utilitaire!) » Rendu sur place, il s’assure que tout marche bien et me suggère même d’approcher mon bateau pour une meilleure réception.

Deux heures plus tard, j’aime mieux être ici qu’au Starbuck à attendre Manon et Loulou qui ont pris un léger retard.   

Walter, tu as raison; Le Yatch Club, ça a de la classe!

PS allez voir le diaporama j’ai réussi à y ajouter quelques photos des jours derniers… en attendant Loulou 😉

Revenons à ce voyage-ci.

Parce que j’ai le goût de faire de la voile disait-il. Et je dois avouer que j’en ai encore le goût aprés une semaine déjà car, depuis qude J-M m’a aidé à descendre la mât à Beloeil, je n’ai fait qu’une petite heure de voile en partant de St-Jean après une visite éclair à mon petit frère Michel qui m’a fait penser de ne pas oublier de faire mes exercices pour garder la colonne souple. J’ai mon petit programme qui se fait bien sous pilote auto.

La partie la plus ardue, ça été le vent debout à 30 Nd direction Port-Kent mais la réception là-bas en vaut toujours la bataille. Depuis, c’est la douceur des 5 Kn sous moteur à mi-régime et à 1,5 litres à l’heure. Je dirais que ça consomme à peu près autant que le Hummer de Daniel ou le camion de Gaby à 15l au 100 km. J’ai traversé la partie sud du Lac en me remémorant les multiples randonnées mais c’est à partir de la Marina de la Boué e 39 où j’ai dormi hier soir que le lac se transforme en rivi;re de toute beauté à l’automne avec les montagenes environnantes qui tournent de toutes les couleurs de la saison.

Passé Chipman Point, ça devient plutôt rivière que Lac et un peu plus bas, vers Benson Landing, la rivière diminue au point de ne devenir qu’un simple ruisseau qui se faufile à travers les marécages au point que rendu à Maple Bend, la largeur ne dépasse pas 300 métres. Au point que cette section du « Lac » est désignée: « Lac Champlain Narrows » Mais ce sont des plaisirs différents que j’éprouve: les odeurs de fermes sur la rive ou de sous-bois, tout près, et les couleurs sur les flancs de montagnes.

Ici un héron que je dérange dans sa concentration, là-bas, un aigle qui rentre dans son nid sur une bouée-phare. Car cette section est très bien balisés, à partir de la bouée #2 de Benson Landing. Ce qui me mène comme par enchantement au choix de marinas entre Lock 12 et Withehall. J’opte pour Withehall sans raison sérieuse sauf qu’elle semble un peu plus animée.

J’y descend mon mât sans aide. Après avoir demandé au préposé de venir jeter un cou d’oeil au cas où. Puis un appel à l’Éclusier sur le Canal 13 qui me dit: « Je suis à vous dans un instant, Capitaine! Sans même me demander combien nous sommes à bord. Je me débarrasse de toutes mes craintes de devoir àetre deux à bord pour passer les écluses et je préviens Loulou que je serai à Albany avant elle. Faut dire que les éclusiers du Champlain Canal sont plus en mode de transit professionnel que touristique de nos amis du Richelieu. Leurs tarifs sont aussi différent. Après les 56$ investis dans le fonctionnement de Parc Canada, il ne m’en coutera que 10$US pour un service équivalent de 2 jours d’éclusage. Jje ne m’en plait pas; je constate et vous en fait part.

Ce soir je dors (sans frais) au quai de l’écluse #9, Près de Fort Edwards) en attendant de compléter le passage demain matin jusqu’à Troy et un peu plus loin pour le remâtage. On s’en reparlera dans quelques jours quand je reviendrai au royaume du WiFi.  

Port Kent et les souvenirs

La première fois que j’ai largué les amarres du quai de Port-Kent, ça s’est passé il y a près de 25 ans et ça a marqué un tournant important de ma vie. Ce matin-là, sur le quai c’était Marie-Thérèse qui me faisait au revoir de la main consciente que c’était un au revoir important pour notre relation. Elle avait la sagesse de comprendre que je ne pouvais plus continuer dans le modèle bien standard de la famille de banlieue. Elle avait surtout la grande générosité de prendre le risque de me laisser partir. Ça faisait déjà une douzaine d’années que je sillonnais le Lac Champlain dans tous les sens sans jamais dépasser Tigondéroga que je vois se pointer sur la rive droite et il lui était bien évident qu’avec Maïté, un Pearson 30 bien équipé, j’allais pousser une pointe plus bas un jour ou l’autre.

Nous avions bien essayé de le faire ensemble mais l’idée de ne pas être là pour voir grandir ses petits enfants ne s’intégrait pas dans son espoir de devenir grand-mère bientôt. Comme dans bien des couples je dois admettre que la voile est plutôt la folie du mari. Les voiliers sont des joujoux de petit gars. Combien j’en ai rencontrés sur la route qui ont grossi en vain leurs bateaux pour essayer de rendre leur épouse sécurisée et confortable. Ça n’a rein avoir avec la grosseur du bateau, les gars.

J’avais eu tout de même plusieurs années où je passait l’été au Lac à découvrir et redécouvrir ses moindres petites baies et ports accueillants. Port Henry où je vais m’arrêter ce soir était un des favoris de M-Th. C’est là qu’un jour elle a interpellé un beau vieux monsieur barbu qui pêchait à la ligne sur le bout du quai et essayait de nous parler dans le français minimal qu’il possédait, s’il était un « beau pêcheur » ou un « beau pécheur » ça a fait un bon sujet de conversation dont il est ressorti tout ravi.

Elle en avait fait une belle aussi le jour où au retour de Port-Henry, Ed lui avait demandé comment avait été la randonnée. Nous avions remonté d’une traite sans même prendre le temps de nous arrêter à Westport que j’aime bien ou Essex, ce vieux village coquet qui était aussi un de nos « must » alors, pour lui dire que nous avions eu beaucoup de bon vent, elle lui dit tout de go dans son meilleur anglais de l’école primaire: « We had a lot of whine! » Sa version bien personnelle de « wind ».

Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, M-Th. Ni wind ni whine, je tappe ces souvenirs en sirotant une Miller High Life, ma boisson légère favorite aux USA. Il ne fait toujours pas très froid et le soleil se pointe à l’occasion derrière la couche de nuages qui tient bon. Heureusement, il n’a pas plu ce qui permet à l’humidité accumulée hier de se disciper. Ce sera confortable pour dormir à l’ancre ce soir pas trop loin de la Marina de Velez où je dois m’arrêter avant pour refaire le plein en vue d’une autre longue journée prévue sans vent portant demain vers Withehall. Je commence à me donner l’impression que je fais du convoyage de yacht. Ce n’est pourtant pas mon projet…

20h30 au quai de la Marina Buoy 39 une bonne quinzaine de miles plus au sud que prévu parce que Velez est en reconstruction et que la marina Champlain près du pont en face ferme à 17h00. Une décision facile à prendre surtout que le pronostique météo pour demain est au vent plus fort venant du sud tandis que ce soir, c’est le calme plat, la mer d’huile. Je laisse le pilote automatique me soulager de la barre pendant que je m’émerveille du plaisir simple de se laisser porter à 5,5 Nœuds et rêver tout autant au passé sur ces mêmes traces qu’à l’avenir qui nous amènera qui sait où, la prochaine fois, vous et moi. Pas si mal le convoyage de yacht après tout.