Je me réveille au son de la pluie sur le rouf de mon bateau. Il fait encore noir et ça vient de commencer. Pas du tout le pronostique prévu. Madame météo, hier soir promettait une belle journée ensoleillée avec des vents de 10 15 miles à l’heure (ils sont encore en miles, ici) du secteur Ouest. Exactement ce dont j’ai besoin pour ma première sortie en mer jusqu’à l’Entrée de Manasquan. Je me retourne de bord et me rendort par dépit. Je me réveille de nouveau vers 7h30. J’entends toujours la pluie mais je vois le soleil radieux promis qui vient de se lever par mon hublot de couchette. ?!???!
Un bref regard circulaire et je découvre que c’est une connexion de boyau qui fuit sur le quai et qui projette un jet significatif sur le devant de Brigadoon. La pluie est très circonscrite.
Ablutions matinales et petit-déjeuner classique: orange et yogourt et je suis prêt pour aller au services régler ma nuitée et partir. Personne en service; je suis quitte pour une autre marina sur le bras. Et en plein coeur de New York par dessus le marché. Peut-être suis-je en train d’écrire le « Guide du marin squatteur ».
À moteur jusqu’au Pont Vérazzano la porte de sortie de Manhattan. Plus prudent avec le trafic même dans le Canal Ambrose, la porte d’accès à l’Atlantique. Dès la dernière bouée verte, je hisse génois et grand’voile et en avant l’aventure en mer. Je ne contourne pas la zone de pêche comme le font quelques autres voiliers plus rapide que moi. Pas vraiment un problème si je me fie au commentaire d’un pêcheur qui trouve très belle ma voile multicolore. Car à mi-chemin, le vent qui a baissé justifie le DRS. Ce sera ma plus belle grande journée de voile après la première au départ de Boucherville. Après la journée de voile idéale, je rentre dans le chenal de Manasquan Inlet très bien protégé par deux longs brise-lames et à belle vitesse car je suis sur la fin de la marée montante qui me tire vers l’intérieur.
Je ne vais donc pas m’arrêter et je profite du courant portant qui me propulse à plus de 6 Noeuds. Au premier pont, je me rends compte que je n’ai plus de batterie. Pas capable d’appeler le « pontif » ou
l’opérateur du pont-levis si vous préférez. Il en a vu d’autres et par la fenêtre grande ouverte, il me voit tourner sur moi-même et me fait signe des deux mains : « Veux-tu que j’ouvre le pont? » Je lui réponds d’un grand signe que « OUI » et le tour est joué. À quelque centaines de mètres de là, au deuxième pont, je tente de signaler mon besoin avec ma corne de brume mais elle n’émet qu’un petit miaule gêné qui ne se rends pas jusqu’aux oreilles du pontif. Je dégage la bonbonne et j’y vais des trois coup de cornes soufflés directement dans le truc. Le gars sort de sa cabane et me donne de la merde parce que je n’ai pas de radio. J’en ai un radio bello; c’est la batterie que j’ai perdue.
Il avait quand même ouvert pour me permettre d’approcher pour me parler. Les trois prochains ouvriront aussi au son des trois coups de corne de brume. Comme dans l’ancien temps. Ce qui m’amène à faire mes premiers pas dans le fameux Canal Intracostal, après deux semaines de route et plus d’un quart du chemin de fait.
Après un petit moment, je choisis le Henkley Yatch Bassin, juste après le pont de Mantoloking qui m’a bien l’air assez gros pour vendre des batteries, si c’est çà mon problème. Ce qui me surprendrait par contre car c’est une batterie neuve que j’ai installée à l’achat du bateau. l’an passé. Au quai de service, je me rends compte qu’ils sont en tout cas assez gros pour fermer en fin de semaine à partir d’octobre. Je squatte donc pour une deuxième nuit consécutive. Cette fois à environ 5 Miles nautiques à l’intérieur de l’ICW. Demain? On verra au fil du canal intérieur que je naviguerai à voile ou à moteur, selon le vent qui s’annonce plutôt léger d’après Miss Météo.
Il est 19h30, je tape ces lignes après avoir pris l’apéro: saucisson, salade de choux St-Hubert (petit délice de Renée) avec les Petits Bretons et le reste du Gentil de Huguel que Loulou m’a laissé en partant tout comme sa soupe que je vais déguster à l’instant et ses « Penne alla Putanesca » ensuite.
Life’s good! La vita e bella! La vie est belle!