En mode pressé, soudainement.

Faut bien avoir écrit le Guide « en mode flâneur » pour faire 700 NM en douze jours de Oriental NC à Titusville.

Une panoplie multiculturelle d’oiseaux de plage.

Faut dire qu’après trois semaines à nous balader dans ce petit patelin, nous en avions bien fait le tour. Alors lorsque notre mécano nous a annoncé qu’il avait un contrat qui était annulé et que ça lui permettrait de travailler sur mon changement de moteur trois jours plus tôt que prévu, ça nous a permis de faire de nouveaux calculs et de revoir notre itinéraire.
En effet, ça nous permettait de penser raisonnablement pouvoir atteindre Titusville en temps pour prendre notre vol de ce matin. Ce qui a fait sourire Robin sur ROBINSON qui m’a dit tout simplement : « Tu vas prendre ton vol à Orlando bien sûr, Phillipe, mais peut-être en laissant ton bateau à St Augustine. » Ça pouvait bien se faire de là ou de Daytona Beach, mais nous allionss essayer notre nouveau moteur de toute façon.
Alors départ d’Oriental tôt  jeudi matin le 21 plutôt que lundi le 25 faisait toute la différence. Je dois avouer qu’à partir de là, pour nous rassurer de ne pas manquer notre objectif, nous nous étions fait un horaire de course contre la montre pour les premiers jours. Levés à 6h pour partir avec le lever du jour, une demi heure avant le lever du soleil; à deux qui se relaient à la barre, nous pouvions parcourir jusqu’à 55 Nautiques par jour ou 65 Statute Miles comme ils sont indiqués sur les cartes de l’Intracostal.
À ce rythme, nous avons rejoint Carolina Beach SC, une de mes escales favorites en deux jours pour apprendre que mon fameux Fish & Chips n’était plus au menu du Resto-Bar qui nous accueillait au quai pour la nuit. Il nous accueille toujours, mais il a changé de proprio, de nom et de cuisinier. Je vais devoir mettre mon Guide à jour à ce sujet. Heureusement que Martine et Robin étaient là pour nous accueillir et nous en prévenir. Comme prix de consolation, nous avons été invités à venir manger à bord; Martine testait une recette de sauce à spaghettis à l’autoclave. Ce qui nous a fait penser que cet article manquait à bord de DESTINY IV US. Sa sauce était délicieuse comme la compagnie de ce jeune couple fort sympathique qui descend la côte Est à son rythme.
De là, nous nous sommes offert le quai du comté, gratuit de Myrtle Beach au millage 355, mais nous avons sacrifié l’arrêt habituellement incontournable de Georgtown pour un ancrage forain à Duck Creek à une quinzaine de Miles plus loin, ce qui nous permettait d’atteindre facilement Charleston le lendemain. Car on ne passe pas tout droit à Charleston. Ce serait un sacrilège de se priver d’aller marcher dans cette ville rétro et un peu au ralenti. Puis Luc de LADY LOU II avait montré sur sa page Facebook, un dîner copieux qu’il avait partagé avec Louise est que Odette voulait absolument partager avec moi. Un dîner de Côtes levées avec choix de sauces pour tous les goûts que j’ai mangé avec plaisir, au Styky Fingers, en tête a tête avec ma généreuse amoureuse.

Odette devant notre célèbre repas au Sticky Fingers.

Odette était tellement fière de son coup qu’elle m’a offert de prendre la mer le lendemain matin. Je ne sais pas laquelle des sauces lui a fait cet effet, que toujours est-il, au lever du jour, nous descendions la rivière et prenions à droite vers le sud en direction de St Helena Sound, Une sortie d’une trentaine de miles en mer qui s’est bien passée à voile et moteur jusqu’à l’entrée de St Helena que nous avons remontée jusqu’à Edding Creek avant le coucher du soleil. Le lendemain matin, c’était facile de reprendre l’Intracostal jusqu’à Savannah que nous avons rejoint juste après la tombée de la nuit. Mais puisque les derniers 5 milles se faisaient dans le rivière, ça ne nous a pas gênés d’y accoster de noirceur. Ni non plus de le faire à un quai non autorisé devant le Hyat Regency pour aller dîner en ville dans le seul resto-bar ouvert le soir de la Thanksgiving. Nous repartirons avant le lever du jour le lendemain alors, nos risques de représailles n’étaient par très élevés. Puis mon petit côté délinquant était satisfait a peu de coût.
Petite anecdote cocasse. Ce bar se spécialise dans les drinks genre « slush puppy » aux multiples saveurs et à haute teneur en alcool. Ce qui fait que nous nous sommes fait « carter », Odette et moi pour acheter une bière. Trop drôle de me voir demander à Odette de me passer sa carte d’identité qu’elle n’avait pas prise avec elle, ce qui a obligé la barmaid à appeler sa gérante qui a vérifié l’âge légal de ma blonde de visu avant de me servir deux bières. « Ah! Ces Amaricains! », comme le disait si bien, Elvis Gratton.

Un des beaux paysages de la ville de Brunswick, GA.

De Savannah à Brunswick en une journée et demie pour nous protéger d’un mauvais coup de vent annoncé pour le dimanche suivant, huit  jours après notre départ d’Oriental, nous pouvions enfin respirer par le nez, car nous savions maintenant que nous serions à Titusville à temps pour prendre notre vol vers Québec pour les Fêtes en famille. Nous nous sommes donc offerts le beau lounge accueillant de la Marina municipale pour regarder passer un violent orage et un coup de vent à l’avenant pendant quelques heures.
De Brunswick à Jacksonville, en une journée ce fut notre dernière longue route car nous nous savions maintenant bien en avance. Je dois préciser que pour une fois, la température était plutôt clémente à Jacksonville, contrairement a tout ce que j’y ai vécu depuis que je fais cette descente. Rappelez-vous les -4°C il y a deux ans.
Cette année, tout le monde etait là, rentré en même temps. Quand nous sommes arrivés, les quais municipaux gratuits étaient pleins avec même deux Trawlers à l’épaule. Nous nous sommes ancrés en face, de l’autre côté du canal près de nos amis sur le singulier voilier ATYPIQUE.
De là, toute est devenu plus « smooth », de retour en mode flâneur pour un arrêt incontournable à St Augustine où nous avons retrouvé tout notre monde que nous avions laissé aller pendant notre « pit stop » à Oriental. Les retrouvailles avec les équipages de LADY LOU II et de FULUB au resto italien Puzzalley’s ont été fort joyeuses et accompagnées d’une très bonne bouffe.
Les copines saute la plage de New Smyrna Beach.
De là, nous vous sommes offerts le plaisir de naviguer en douce avec les amis Luc et Louise qui nous ont accompagnés jusqu’à Titusville, avec des arrêts touristiques de marches sur la plage à Daytona Beach et à New Smyrna Beach, juste à côté, pour le plaisir de la chaleur enfin retrouvée après savoir gelé sous zéro en Caroline du Nord. Une météo particulièrement difficile à cette hauteur, cette année. Au point que si vous me demandiez quel est l’élément essentiel à installer sur votre voilier avant de d’entreprendre la descente de la côté Est à l’automne, je surprendrais sûrement ceux qui savent ce que j’en pensais avant; en vous disant : une « cabooze ». Comme j’appelle ironiquement les « full enclosure » comme celle qui nous a donné tant de confort cette année sur mon nouveau voilier.

Petite pause avant recentrer à Québec City.😎

Enfin, pour répondre à une question que me pose avec insistance mon ami Daniel de MR KITE et quelques autres lors de mes conférences sur le sujet, combien coûte cette descente vers le Sud en voilier. Je vais parler pour Odette et moi qui voyageons sur un petit voilier de 32pi et qui faisons autant de voile que possible sans nous priver de rien côté bouffe, mais en évitant les marinas.
Ces trois mois de descente nous ont coûté1665$US par mois en moyenne, répartis comme suit:
Bouffe et alcool : 850   Fuel : 180  Marinas : 250
Entretien : 85.  Resto : 250  Taxis et bus :  50
Je vais vous revenir avec le calcul aux Bahanas, mais j’anticipe que ce sera sensiblement le même total avec moins de Fuel et de Marinas et plus de Bouffe et alcool.
Les  Sundowner, les Rhum Punch et les fameux Gumbay Smash y seront à l’honneur!🤪

Novembre, le mois des tests de caractère

On me reproche gentiment parfois de ne montrer que le beau côté des choses et avec raison car c’est un choix délibéré. Je suis en désaccord avec les vendeurs de malheurs, les leurs ou ceux des autres pour faire des sous. Alors, évident, je n’arrivais pas à me décider à vous parler de mes malheurs de moteur même si j’avais tout le temps. Ce qui explique que mon mutisme du dernier mois.

Maintenant que nous roulons à moteur depuis 7 jours je peux oser m’exprimer. L’équipe de Darrell Foster (252-671-3946) de Oriental m’a fait un changement de moteur qui a tout règlé. Un vrai professionnel, très axé sur la satisfaction de son client. Avec Sharon, il font une excellente équipe que je recommande sans restrictions. Si ce n’est que les meilleures sont très occupés et qu’il m’a fallut profiter des charmes du joli Village de Oriental NC pendant trois semaines pour lui donner le temps de se libérer et pouvoir me consacrer la douzaine d’heures requises pour compléter le travail.
Le village de Oriental compte 850 habitants et 3,500 places à quai. Pas surprenant qu’on y trouve des gens compétents pour l’entretien des bateaux. C’est aussi le siège de la New Village Brewery qui est la deuxième meilleure parmis les 360 brasseries artisanales de la Caroline du Nord. Sans oublier que leur Lily’s Breakfast, une « stout » de très bon  goût  est classée la meilleure bière de l’État, toutes catégories confondues. Sur la rue Broad St, à ne pas manquer, même si votre moteur va bien.
Ça vous donnera l’occasion de découvrir
l’animal fétiche du village. Après les Chats de Catskills, voici les Dragons d’Oriental. Ceux-ci sont répandus ici et là aux coins des rues. Charmant lien que quelqu’un a imaginé pour justifier le nom du Village qui est est dû à la femme du premier Maître de Poste qui trouvait que le nouveau nom de Whittaker Creek faisait « juste une autre Creek ».
Maintenant que j’ai osé parler de mes malheurs dans la descente vers le Sud, laissez-moi vous parler du « test du novembre noir ». Un paragraphe que je devrai ajouter à la prochaine version de mon guide qui est en révision constante. Si je parlais avec des jeunes je dirais que novembre, c’est le mois de la formation du caractère dans l’Intracostal. Mais puisque je parle avec des adultes qui viennent de se retrouver à la retraite ou de se retrouver tout court, je parlerai plutôt de « test des caractères ». On a souvent dit que si vous voulez découvrir votre compatibilité avec quelqu’un, allez faire une semaine de voile ensemble. Je paraphraserai: « Est-ce la personne avec qui vous voudrez poursuivre votre vie? » Amenez-là dans l’Intracostal en novembre, vous saurez! »

La poissonnerie où Odette a découvert les pétonques. Photographiée lors de sa troisième visite.

C’est en novembre que mon moteur nous a fait poireauter pendant trois semaines dans un petit bled perdu de la Caroline du Nord tellement perdu que lorsque la nouvelle que nous devrions y passer tout ce temps est tombée, notre premier réflexe a été de rentrer à la maison en attendant. Mais ça s’est avéré si compliqué qu’on a décidé de prendre notre mal en patience et de prendre des marches. Ceci étant dit, c’est sans compter que dans la deuxième semaine, la température est tombée a peu près égale à celle de Québec, a moins à 4°C. C’est là qu’on a révisé l’horaire des vols sans succès. Bon,marche,marche, marche…
Puis ne me dites pas pour me consoler que j’ai été malchanceux. Je vais vous répondre que Robin et Martine sur ROBINSON ont passé le mois hors de l’eau sur les blocs pendant qu’on essayais à deux reprises de réparer puis finalement changer la transmission.
Louise et Luc sur LADY LOU II avaient un bateau parfaitement en ordre à la sortie de la Baie Chesapeake. C’est en novembre, un mois plus tard, que Luc a découvert que son support d’alternateur avait besoin d’être réparé. Il en est a sa quatrième tentative entre Georgetown et Fernandina Beach de le réparer. Définitivement. Et on n’est pas rendu au premier décembre. Eux ont dû attendre au froid que ce troisième front en 10 jours passe ici et là dans le bayou.
Quant a Nathalie sur FULUB, c’est au moment où Philippe est rentré au Québec pour une semaine en novembre qu’elle a pris conscience, devenue maître à bord, qu’elle n’avait pas confiance à son profondimètre. Et ça dans le bayou de l’arrière pays de la Géorgie là où c’est peu profond et ou les marées vont jusqu’à deux mètres. Dur sur les nerfs de la madame. Surtout si elle doit barrer avec tuque et mitaines.
Pendant ce temps, Chantal sur son Cruiser a aussi des problèmes de transmission qui ont changé drastiquement sa perception du plaisir de la croisière vers le Sud. Rendue a Savannah, ça fait déjà quatre fois qu’ils sont stoppés a cause debris mécanique. Et pourtant, tout ces bateaux rouleront bien sur le lac Champlain. Malheur de moteur sur un autre Cruiser, celui de Diane et Richard, un couple fort sympathique que je vous savait présenté a Norfolk.
Puis je sais que les copains de Nathalie et Yves sur ODANATA (un des rares bateau qui a tenu je coup sans défaillance) sont restés accrochés en Géorgie, eux aussi pour un temps indéterminé à cause de problèmes sur JADE. Avec Danièle et Jean, sur SUBTIL puis Diane et Gaëtan sur SUNTEN II, ce sont mes deux seules couples d’amis qui sont passés à travers sans difficultés autres que les coups de froid.
Et je ne vous donnerai pas tous les détails des multiples mésaventures de Véronique sur ATYPIQUE, une nouvelle venue à la voile qui pourrait déjà evrire un livre sur la Loi de Murphy à bord en novembre seulement.
Enfin, je ne connais pas tout le monde qui sont sur la descente, mais je dois dire que 80% de ceux que je suis de près ont eu au minimum une avarie importante en novembre. Il y a lieu de prévoir un petit pécule au cas où. Et une bonne dose de patience pour bien vivre le moment, à deux, quand ça va nous arriver.
Voilà pour mon courrier de réalité-check du mois de « novembre noir » sur la côté Est. Vous vouliez la vérité, toute la vérité; bien, vous l’avez toute crue!
Bonne baisers de Géorgie😘
PS Le plus paradoxal dans tout ça, c’est qu’après coup tous et  chacune de ces voileux/se, quand ils vous raconterons, finiront par vous dire : « Mais on a été chanceux dans notre malchance parce que … »
Et si c’est le cas, je dirais qu’ils/elles ont passé le test du « novembre noir ».
À deux, ils iront loin ensemble sur la route des îles…

Jour #45 – Norfolk

Et nous n’y sommes même pas rendus au Premier novembre, ma date butoir pour ce marqueur du début de l’Intracostal de la côte Est. Au Statut Mile 0 de ce parcours qui en compte 1 250 jusqu’à sa limite Sud à Key West. Nous, par contre, n’en comptons que 1 050 pour rejoindre No Name Harbour, notre destination ultime dans les Florida Keys lorsque nous nous dirigeons vers les Bahamas. Ce qui devrait, en mode flâneur, prendre un autre 45 jours.
Depuis que nous nous sommes parlés, nous avons exploré la Baie Chesapeake qui mériterait encore plus de temps pour en découvrir tous les charmes. Cette année je me suis aventuré sur la rive Est, ce qui n’est par la route la plus courte mais peut-être la plus pittoresque.
Cette fois-ci, j’ai  remonté la Sassafras River jusqu’à George Town pour y découvrir un autre important centre de voile avec quatre ou cinq marinas et un nombre important de quais et de mouillages en location. Je m’y suis fait dire par Luc sur Lady Lou II avec qui nous avons fait ce détour pour le plaisir pour moi et pour une escale technique pour lui qu’il y avait 50 000 places à quai dans la Baie Chesapeake. Pas surprenant que vous vous retrouviez dans un de ces gros centres ici est là. 

A terre nous avons bien mangé au pittoresque resto de la Marina Granary avec vue sur la rivière et un menu aux saveurs particulières.Sur l’eau, nous avons passé deux jours à l’ancre dans un endroit calme malgré le nombre de bateaux dont plusieurs seront déjà hivernés au moment où l’on passe.

 

Une autre escale, sur cette rive à Wortons Creek  et nous sommes revenus du côté d’Annapolis pour que Odette voit cette ville plus au naturel, au lendemain du Boat Show. À mon avis, elle est plus agréable à visiter sans tout le flafla de la Grand’Messe de la voile. Puis, ça a été intéressant de voir comment et à quelle vitesse on dégrayait tout ça le lundi matin. Mardi matin au réveil sur notre mooring, il ne restait aucunes traces du passage du gros marché.


L’étape suivante nous a fait découvrir Saint-Michael’s aussi du côté Est de la Baie, un peu au sud de Annapolis. Une invitation des C&C du coin qui s’y étaient donnés rendez-vous et en particulier de Manon et Brian qui y participaient avec La  Neige, leur beau C&C 36/40 qu’ils préparent minutieusement pour la grande descente de l’automne 2021. Même si vous n’avez pas un C&C, Cette belle escale vaut le détour à cause du site charmant un peu en retrait que l’on rejoint après deux bonnes heures de sinuosités dans la Eastern Bay.


Le Musée vaut la visite tout comme une petite distillerie artisanale bien expliquée par un distilleur de rhum très enthousiaste. Quant à la rue principale coquette et proprette, elle charme les magasineuses, mais pour moi quand chaque maison est un commerce, je devient vite saturé. Je considère tout de même que cette escale mérite une place dans le Guide de l’Intercostal.


A partir de là, le reste de la Baie, c’est Solomon’s Island et Deltaville que je vous au déjà racontés à quelque reprises. Tout ce que je peux vous dire cette année c’est que mon équipière commençait à trouver que le plan d’eau s’élargissant et que la vague prenait de l’ampleur un peu trop pour sa courte experience J’ai donc suivi le conseil de mon ami Gaëtan qui m’a suggéré de « sortir ma blonde de la baie » pour retrouver la tranquillité de l’esprit. Je dois avouer que le simple fait de prendre cette décision a facilité les derniers jours. Même la course vers Norfolk avec un vent portant qui nous a mené de Deltaville à Portsmouth, non-stop, une « ride » des plus costaude, s’est bien passée, même pour ma fiancée.


Ce qui a culminé dans un des bassins municipaux que  la ville de Portsmouth nous offre gracieusement et d’où, le lendemain, le petit traversier à roue à aubes nous amène directementau centre-ville de Norfolk pour admirer les sirènes. Ce que nous avons fait avec Nathalie, Philippe et Marie, l’équipage de Fulub et Diane et Richard de Rambling Fish qui tous  étaient déjà dans le bassin à notre arrivée.
Une belle occasion de s’offrir un lunch en ville entre amis.Une autre des activités réconfortantes de la descente de l’Intracostal

Flâner la Chesapeake

C’est le cas de le dire, après un court arrêt à Chesapeake City en compagnie de Lady Lou II le 7 octobre, nous constatons qu’il nous reste un bon trois semaines pour explorer la grande Baie.


Ma première étape incontournable, c’est bien sûr Havre de Grâce pour passer un moment avec Manon et Brian que je visite depuis quatre dans déjà. Ces deux-là sont en train de se préparer activement pour le grand départ dans deux ans. Ils ont déjà vendu leur condo avec vue sur la baie, qu’ils ont remplacé par un Trawler de 46 pi qui est presqu’aussi spacieux que leur condo précédent. En fait assez spacieux pour accueillir confortablement sept convives à table pour dîner. 


En effet, Manon toujours prête à rendre service avait déjà accueilli dans sa marina Paul-André Lagacé qui avait besoin d’un survey de Plein Soleil pour l’assurer chez BoatUs. C’est Manon qui s’est chargée de trouver l’experte maritime et Luc  qui à fait la traduction des termes plus difficiles pour l’anglais de P-A.
Pendant ce temps, elle me trouvait un mécanicien pour jeter un coup d’œil à mon moteur qui avant changé subitement de son en entrant dans la baie qui mène au village de HdeG. Ce jeune homme n’a pas mis de temps à poser un diagnostic en vérifiant je moteur de tout côtés même avant de le mettre en marche. Il a tout regardé, senti, c’est tout juste s’il n’a pas goûté à l’huile du moteur avant de me demander de mettre en marche.
Ça lui a pris quelques minutes à confirmer qu’il s’agissait de mon filtre à air qui s’était encrassé et que mes valves avaient besoin d’un ajustement par la même occasion. Deux heures et qu’elles dollars pas tard, j’étais rassuré que mon moteur était maintenant en bonne condition pour poursuivre sa route à toutes points de vue. Incluant un filtre à air neuf et des valves bien ajustées. Rassurant tout de même pour un novice des moteurs diesel, mon premier depuis très longtemps.


La Chesapeake au début d’octobre, c’est aussi l’occasion de visiter le super Boat Show de Annapolis. Je ne suis pas un grand consommateur de ces événements mais je suis un petit animal sociable. Donc je ne suis laissé entraîner par mes amis du moment et la possibilité d’y aller en auto grâce à Manon (encore elle, bien oui) qui avait sa voiture à nous passer pour la journée.
Sur place, c’est la frénésie des « très gros »! Tout est très gros ou inabordable, au delà de se rincer l’oeil de belles lignes ou d’intérieurs spacieux élégants. J’en au profité pour montrer à Odette la différence d’aménagement de 1981 à 2019 en lui faisant visiter un Catalina 32. Même longueur que mon C&C Mais le double du volume intérieur en apparence. C’est fascinant de voir à quel point le design à évolué. Comme c’est aussi plutôt impressionnant de visiter certain monocoques de 50 pi ou des Catamarans dans la quarantaine.


Notre guide pour la journée, Gratien Courtois qui est un adepte du Boat Show de Annapolis depuis plusieurs années et qui fait un reportage sur la page Facebook des Voileux du Lac Champlain à chaque année pour nous montrer ses coups de coeur du Show. Il est aussi avec Marielle, l’organisateur du 5 à 7 des Québécois qui regroupait une bonne quinzaine de voileuses et voileux qui se sont lancé dans la dégustation des « Pain Killers » du Pusser’s un autre incontournable du Show.


Le lendemain, P-A prend la route du Sud car il doit laisser son bateau à Norfolk pour revenir faire un court séjour dans la neige à Québec City. Quant à Louise cet Luc, nous les s’accompagnons jusqu’à George Town tout en haut de la Sassafra’s River, là où Luc se transformera en plombier pendant quelques jours pour terminer des travaux qui n’avaient pas eu le temps d’être complétés avant le grand départ.

Puis ça me donne l’occasion de découvrir cette petite localité qui est aussi un grand centre de plaisance aussi bien à voile qu’à moteur avec trois grandes marina et quelques petites. Luc y a trouvé tout ce dont il avait besoin pour complèter ses projets. Et nous y avons trouvé un havre de paix pour quelques jours.


Prochaine étape : Annapolis le lendemain du show pour voir à quel rythme on va démonter tout ça. Mardi matin il ne restait que quelques piquets à retirer de la baie et à terre, déjà rien n’y paraissait du passage de cette grande foire.  C’était un meilleur moment pour faire découvrir ce coquet centre-ville à ma fiancée qui l’avait vu en mode grand marché de bateau quelques jours auparavant.


Nous sommes encore a la mi-octobre et les ouragans ne sont pas tous passés en principe. En fait, Nestor se prépare à prendre de l’ampleur dans le Golfe du Mexique. Alors, nous décidons sur invitation de Brian, de nous joindre à eux à Saint-Michael’s pour un rendez-vous de C&C le weekend du 19 octobre. Bonne idée puisque c’est justement le moment où Nestor passera sur la Côte Est à notre hauteur. Où mieux se protéger qu’au fond d’une petite baie à l’intérieur des terres. Avec raison, car au moment où j’écris ces lignes, la pluie qui nous a réveillés ce matin cesse finalement et le coup de vent annoncé nous a passé par dessus la tête. Assez haut pour que nous ne le ressentions pas à la surface de l’eau.


Il y est quinze heures trente, Odette prépare un pâté au saumon pour le dîner. Je l’avais reçue à déjeuner plus tôt aujourd’hui. Ce n’était que la deuxième fois que nous mangions à l’intérieur depuis le début du voyage. Ce soir nous mangerons probablement son pâté sur la véranda (plus élégante comme expression que « la cabouse », pour désigner cette enveloppe de plastique clair qui nous protège des intempéries), le mercure monte depuis une heure environ.


Demain nous reprenons la route vers le sud et possiblement Solomon’s Island pour rendre visite à mon ami Jerry qui habite là et que je ne peux pas passer sans le saluer. Et rejoindre la communauté de Québécois (Subtil, Sunten, Fulub, Odanata, Audrey Bast, Jade et quelques autres que je connais moins) qui y séjournent depuis une semaine environ, peu pressés tout comme moi, de passer Norfolk avant le Premier novembre

Enrôlez-vous qu’ils disaient

Puis après vous êtes enrôlés, sans que vous vous en rendiez compte. C’est au moment où ils ne vous laissent plus débarquer que la réalité vous rejoint.

On me reproche parfois de « peindre la réalité en rose »; de ne pas tout raconter les parties difficiles d’un voyage à la voile. Moi je me défends en disant que je ne trouve pas ça difficile; j’aime tellement ça. En fait, si Odette avait été partante, nous vous aurions fait un journal à deux voix; ce qui serait vraiment amusant. Alors j’y vais, j’essaie de faire les deux voix, pour cette fois-ci.

Destiny VI US sous voiles pour la première fois 😎

Ça commence à New York là où on s’était arrêté la dernière fois pour une courte visite de Time Square et de Macy’s. Alors cette fois-ci Odette me dit qu’elle veut voir la ville : Central Parc Soho et autre quartiers typiques. Je me transforme en guide touristique enthousiaste et après avoir débarqué à Battery Park je l’entraîne vers Greenwich Village et Soho. Puis, je la traîne vers Little Italie et le Chinese District. Je dois vous avouer que nous ne nous y sommes pas rendus. Et que même une visite chez Macy’s pour les cadeaux de Noël des petits n’a pas récupéré le coup manqué.

Qu’à cela ne tienne nous sommes ici pour faire de la voile pas de la ville. Alors demain, Sandy Hook puis après la descente de la côte Est en mode flâneur. Nous y rejoignons Louise et Luc sur Lady Lou II ainsi que Véro, Jean-François et le petit Ludovic sur Lud-eau-vic, Paul André et sa fille Caro sur Plein Soleil et Gaëtan et Danièle sur Sunten II. Certains d’entre eux profitent du service après vente de leur Guide de l’intracostal et me demande de les accompagner un peu pour les premières expériences.
Et pour ma fiancée aussi Sandy Hook c’est une première expérience ou presque. Enfin pas juste pour elle, mais pour à peu près tout le monde qui était autour ce matin du départ, c’était une première expérience de sortie en mer. Là où le mal de mer veille…

Odette à la barre en mer bien formée au large de Sandy Hook.

La météo nous propose un vent du Nord-Est  de 15 Knds ce qui est parfait. Avec des bourrasques à 25 ce qui l’est un peu moins. Les vagues de 3 à 5 pi, mais aux 17 secondes, c’est tout de même acceptable. L’autre bémol, c’est la météo officielle de NOAA qui nous donne un « Avis aux petites embarcations » ce que Louise me relaie vers 6h30. Cela va me retenir pour quelques heures ainsi que Jean-François sur son Trawler. Mais bon, , il y a des options de replis au cas où. Hors donc, P-A s’engage pour Atlantic City parce que sa fille doit rentrer et Lady Lou II part pour « on verra en route… » Lud-eau-vic m’attend. Nous laissons les autres partir et nous dire l’état de le mer puisque nous ne dépasserons pas Manasquan Inlet à 4 heures de route seulement, c’est décidé avant le départ. Je crois que c’est plus facile à deux de toute façon quand je regarde Odette faire des photos et du film de l’autre bateau qui nous accompagne.  Ce qui fait qu’elle ne sent pas trop le mal de mer avec un Gravol, si ce n’est une attaque de sommeil plutôt. En définitive, malgré l’avertissement de NOAA, même sur le Trawler, la traversée c’est fait sans douleurs. Ce qui fait dire à certains que NOAA la joue « prudente » avec ses avertissements et qu’ils peuvent être remis en question parfois.

Au final, nous nous sommes retrouvés les derniers entrés à Manasquan et ce n’est que rendus que nous avons retrouvé les trois autres bateaux qui avaient finalement aussi pris la première ré-entrée là où ils pouvaient mettre fin au brassage. Bien sûr, parmis tout ce beau monde, c’est moi que la Garde Côtière a intercepté en entrant dans l’Inlet, pour une inspection de routine. J’ai maintenant mon certificat de conformité pour ce qui est des éléments de sécurité requis à bord. Rassurant pour la suite des choses.

Deuxième journée de descente par l’intérieur cette fois, c’est J-F qui apprends la navigation en eau peu profonde car, cette partie du New Jersey est particulièrement peu profonde. Heureusement pour lui, les vents forts de l’Est des derniers jours ont fait monter de presque de trois pieds le niveau de l’eau dans Barnegate. La où on s’attendait à un jeu de 6 po d’eau sous la quille, mais y avons trouvé plein d’eau. C’est Lady Lou II qui d’autre part, a failli s’en retrouver coincé sous le pont qui n’annonce que 55pi de libre quand le Hunter 35,1 tire 56pi avec son antenne de VHF. Qu’à cela ne tienne, Lucky Luke prends la chance d’y passer doucement et n’a même pas entendu le « schling » du frottement de l’antenne sous la structure. Ce qui nous fait réfléchir à deux choses: la hauteur inscrite est spécifiée : hauteur minimum et l’arche du pont est plus haut au centre que sur les côtés. Il y a donc un ou deux pieds de jeu non inclus dans le chiffre sur la plaque. Ce qui se confirmera quelques jours plus tard sous deux autres ponts dans le Canal de Cape May 
C’est aussi ce qu’avait confirmé la Garde Côtière consultée, mais laissé perplexe, le représentant local de TowBoat US, notre autre référence dans ces circonstances.

Petite pause d’autre le « fameux » Boardwalk!

Rendus à Atlantic City après deux jours de navigation à l’intérieur, nous devons attendre un autre deux jours une météo favorable, semblable à celle du départ pour nous rendre à Cape May, ce qui sera notre plus belle randonnée en mer au portant avec une mer bien formée et une plus grosse (5 pi) vague au 15 secondes pour nous garder éveillés. Ce qui fait que ma fiancée a oublié de me demander s’il y avait un aéroport proche puisque l’idée de rentrer au Québec ne lui est pas venue malgré ces deux passages obligés. Je dois dire qu’elle a appris à bien balancer sa ration de Gravol pour ne pas être nauséeuse tout en restant bien éveillée.


Ragaillardis, nous quittons Cape May dès le lendemain matin pour profiter d’un vent idéal du Secteur Sud et de la marée pour remonter le troisième passage obligé : la Baie du Delaware. Moi je trouve que ce fût ma plus belle remontée de cette baie depuis que je le fais régulièrement. Mon bateau se comporte bien sous foc seul dans 15-18Nds au portant. Des pointes à 8,5-9Nds sur le surf d’une plus grosse vague au 15 secondes nous portent en haut de la baie vers 16h30. P-A qui la fait il y a deux jours est déjà rendu à Chesapeake City et me dit que l’ancrage est plein en ce beau dimanche après-midi. Je propose donc à mes compagnons de route de jeter l’ancre pour la nuit derrière Reddy Island juste avant l’enteee du C&D Canal, devant Canada’s Beach. Tout est en place pour le charme du coucher de soleil mais c’est malheureusement nuageux. Puis le vent et la vague qui nous ont portés en haut de la baie entrent par la pointe Sud de l’ancrage et les vagues ont encore du pouvoir de brassage même rendu à nous. J’ai mis une longueur de plus de chaîne pour être assuré que mon ancre ne dérape pas. Mais ce n’est pas tout à fait assez pour rassurer ma fiancée. Odette va passer la soirée dans le cockpit comme Louise d’ailleurs sur Lady Lou II. Je me demande ce qui fait que les gars ont plus confiance à la chaîne d’ancre que les filles. Odette pense que c’est à cause de 30 ans d’expérience de différence. Elle a un point là! Le lendemain, je l’ai amenée de reposer a Chesapeake City, ce petit coin charmant ou le vent n’est jamais venu déranger personne. C’est la fin des passages obligés.

C’est toujours plus calme sur la photo, la baie du Delaware!

Prochaine étape : Flâner la Chesapeake!

Une troisième quinzaine qui sera bien différente des deux précédentes. Mon plus grand défi : apprendre à ma blonde à aimer faire de la voile avant qu’elle ne désaprenne à aimer son Capitaine.
Je garde les doigts croisés.😉