Premier test

À l’aube, j’étais prêt à passer le frontière à quelque mètres au nord de laquelle j’ai passé la nuit à l’ancre. Mais j’ai dû attendre que les douaniers arrivent du Mc Do avec leurs grands cafés. Deux gars fort sympathique qui m’ont préparé un « Cruising Permit » valide jusqu’en juillet 2012, même s’il avaient l’air un peu sceptique de m’entendre dire que je me dirigeais vers Vero Beach. À moteur par un petit vent franc sud, la seule direction qui ne m’adonne pas. Puis qui devient progressivement plus difficile à mesure que la journée avance. À midi, je n’étais pas encore à la hauteur de Plattsburg qu’il soufflait à 60 km/hr. Heureusement que j’ai pu prendre un peu de répit en passant derrière l’Île de Valcourt car les vagues en plein de front ont atteint un bon 1m50.

C’est là que le pilote automatique et le GPS sont des aides précieux. Je peux prendre le temps d’aller revêtir mon ensemble de « vrai marin » ou me préparer une tasse de thé. Mais je préfère affronter debout dans le cockpit en me tenant à la baume car le soleil est radieux et la mer belle à voir. Faut dire que j’en suis à la première journée (de mer).

Quand je suis rentré à Port-Kent à 16h00 le bon vieux Ed était déjà sur le quai avant que je termine d’amarrer. Il n’a plus la jambe aussi solide sur les quais alors il m,a fait signe de la main avec son sourire de bienvenue habituel. Puis après les petites commissions à Keesville et un peu de mise à jour sur sa santé e sa vie émotive, il m’a reconduit chez Ann qui avait un Crok Pot et une Couchette de prète. Après un bon souper arrosé de Chianti Classico servi par Bill, et un joyeux retour sur nos meilleurs souvenir de voile ensemble, je n,ai pas mis beaucoup de temps à m’endormi.

Surtout que ce matin, je peux profiter de son Wi-Fi pour vous garder dans le coup, avant de prendre la route en direction de Port Henry. Probablement à moteur encore aujourd’hui car le temps est gris et les nuages bas. J’espère juste que la pluie se fera intermittente et pas trop violente tout de même. Je vous reviens dans quelques jours avec les détails du bas du Lac et les souvenirs de Ticonderoga.

J’ai mon permis de croisière

Le pont des chemins de fer de Noyan n’est pas particulièrement élégant, mais pour moi, c’est un marqueur significatif que de le traverser en direction sud en octobre. Aller jusqu’à St-Jean d’où je suis parti ce matin ou s’arrêter à la marina de St-Paul-de-l’Île-aux-Noix pour faire le plein c’est toujours tourner autour. Mais passer Noyan et distinguer déjà à l’horizon, le long pont qui traverse le Richelieu à l’embouchure au Lac Champlain, c’est s’engager dans plus qu’un petit tour.

Les bateaux que je croise remontent tous vers le nord, derniers à rentrer pour l’hiver pendant que moi je me sors, cet hiver. La journée est magnifique, dans les 25 Celsius avec un soleil à vous bronzer. On se croirait plutôt en mai qu’en automne si ce n’était de tous ces feuillus qui perdent tous leur chlorophylle pour ne garder que les pigments de carotène et autres aux couleurs jaunes et rouges. Demain matin, enfin, je serai autorisé à traverser la frontière à 150 mètres de laquelle je me suis ancré pour la nuit sous une pleine lune à vous faire craindre la visite des loups-garous.

Demain on annonce un vent léger du secteur sud. J’espère qu’il se présentera avec une composante ouest tout de même afin que je puisse tirer des bords jusqu’à Port Kent, ma prochaine étape. Port-Kent où je suis accosté il y a plus de 25 ans accueilli par Ed qui impressionné par mon catamaran de construction domestique, m’avait invité à me joindre à lui et à son ami David qui campait avec Ann sur la plage sud à l’époque. Ils voguaient eux aussi sur le premier catamaran à être vu sur le Lac Champlain. C’était le début d’une longue quête de David Basha, à la conquête de la Mayor’s Cup, la prestigieuse régate qu’il n’a cessé de le hanter jusqu’à cette année, quand il l’a enfin gagnée,après 25 ans et à bord de son J-30, le sixième bateau qu’il a acheté au fil des ans pour y arriver

Il était tout fier de ma la faire toucher le mois dernier lors d’une visite éclair au petit hameau accroché au bord du Lac à une vingtaine de kilomètres au sud de Plattsburg, là d’où le traversier vous amène à Burlington, au Vermont de l’autre côté. Et ce fut une agréable sensation d’y lire aussi le nom de mon ami Walter qui l’avait gagnée, dix ans plus tôt en 2000. J’admire la capacité de concentration de ces deux-là qui réussirent à garder le focus avec une telle ténacité pendant les quelques heures que dure la course pour être, à 10 ans d’intervalle, les premiers à franchir le fil d’arriver.

Je me rends compte que nous pratiquons deux volets d’un sport qui peuvent être tout aussi différents que le sont de ski de fond et la descente sur les pentes.