20h11 et je tombe de sommeil. Pourtant aujourd’hui je me suis amarré à 15h30 au quai de la Marina Longhaul de la Maurice River, un des rares affluents de la baie Delaware sur la rive est, à environ 15 Miles nautiques de la sortie du canal de Cape May. Une communauté de pêcheurs importante et le site du Centre de recherche sur la pêche au carbe et de la récolte d’huitres. Je dirais que c’est pas souvent que la Marina Longhaul reçoit des voiliers québécois pour une nuitée. Ils ont compris qu’il fallait en profiter. Après le plein fait par un jeune homme tout en sourire, le patron qui m’avait dit « Pas de problème, vous pouvez rester là au quai de service pour la nuit. », n’avait pas précisé qu’il me chargerait, sans aucun service, le même prix que mes amis d’Albany. Mais la douche en valait la peine après une journée beaucoup plus courte qu’hier mais tellement plus épuisante. Mais j’avais le goût de tester et je savais que j’avais cette option au tiers de la route si le temps se maintenait trop fort.
Et j’ai toujours l’option de tout mettre sur pause si ça devient trop dur à un moment donné. Bien oui, comme je l’ai enseigné à Loulou au plus fort de sa dernière journée de voile quand le vent soufflait trop pour se rendre à manhattan. Il s’agit de pousser la barre comme pour un virement de bord sans dégager le foc. Le bateau se met alors en travers du vent avec les voiles bordées à contre et le vent qui pousse dans les deux qui s’opposent. Le résultat net c’est une acalmie soudaine en apparence car nous ne montons plus contre le vent mais culons doucement dans sa direction. Une réduction d’au moins 7 Noeuds de vent apparent. Tant qu’il y a de la mer entre le bateau et la côte, cette position permet de prendre un moment de répit et de remetre de l’ordre. dans le bateau et dans ses idées.
Hors donc, le pronostique météo de ce matin s’est avéré. Le nord ouest de 10-15 Nds qui m’a réveillé au milieu de la nuit dans l’ancrage avait eu le temps de bâtir une vague de presque 2 mètres à ma sortie du Canal de Cape May qui débouche dans la baie du Delaware. Alors bien préparé mentalement et bien habillé d’autre part, sauf pour les bottes que j’ai négligé d’enfiler, je me lance à la conquête de la remontée au près. Pour ceux qui ne sont pas des experts de la voile, la remonté au près c’est comme si on demandait au vent de nous tirer plutôt que de nous pousser. Pour ceux qui connaissent mieux les allures, je préciserais toutefois que même si en régate ça oscille entre le Près serré et le Près bon plein. Tu te rappelles Jerry : « Surveille les penons! » En croisière, pour alléger le gréement et le barreur, c’est plutôt le Près confort », 5° plus éloigné du lit du vent; une suggestion d’un article que j’ai lu il y a 30 ans quand je préparais ma « Grande traversée ».
Ainsi, je me suis retrouvé au travail et en attention soutenue pendant le meilleur des 6h30 qu’à duré ce « Passage » car, il s’agit de barrer pour « rouler les vagues » afin qu’elles ne vous éclaboussent pas plus qu’il ne faut. Faut se rappeler que je n’ai pas de dodger sur Brigadoon. Un choix conforme avec mon option minimaliste.
Je dois avouer que j’ai eu de l’aide d’Albert pour une petite heure au milieu de la traversée. Albert, c’est mon vieux pilote automatique. Plus rustique et spécialisé pour l’allure au prés sur un bateau bien équilibré comme le Mirage 24. Il s’agit d’un bout de corde qui retient la barre sous le vent et d’un élastique qui retient le tout au vent. Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné par l’équilibre du bateau et de la possibilité de le faire barrer par un petit bout de corde. En fait, Brigadoon, au prés, peut se barrer seul avec les voiles bien réglées. Mais le bout de corde contre les soubressaults occasionnels. Alors, sur la photo où je mange mon oeuf dans le vinaigre bien installé à l’intérieur sous un vent de Force 5 à ce moment-là, c’est Albert que vous voyez derrière qui tient la barre. Et il le fait mieux que P.A qui lui, cherche trop à compenser le mouvement du bateau et se retrouve à le contrer constamment plutôt que de laisser un peu aller. Ce qu’Albert fait tellement mieux. Il y a ici une question de sagesse et de lâcher prise intéressante à méditer ici en passant.
Et c’est là-dessus que je vous laisse aller voir les photos ajoutées au diaporama pendant que je m’emmitoufle pour la nuit. Je suis mort.
Demain un vent portant promis par Monsieur Météo pour compléter la remontée jusqu’à la tête de la Baie Delaware pour prendre le Canal vers la Baie Chesapeake. Le douce traversée en perspective pour me reposer de celle-ci qui n’était pas de la tarte.
heu…. il me semble qu’on (Toi, Renée, moi) avait dit que tu ne sortais pas dans ces conditions-là…??? T’es vraiment comme ta fille quoi, t’écoute «erien». Bon. Merci pour la statue de la liberté, j’adore ta photo Tea time et t’es trop hot sur celle de l’oeuf. ; )