Second regard

Mon dernier posting à partir de Man O War Cay avait une petite saveur politique. Ce qui n’est pas inhabituel de mes observations de voyage. Je voyage tout autant dans la géographie sociopolitique que dans celle plus calme de la carte maritime, comme vous me connaissez.

Alors, mon dernier regard portait sur une quinzaine de « Blacks » qu’on embarquait dans un traversier pour les reconduire à l’île voisine de Marsh Harbour après leur journée de travail au chantier naval, sous prétexte que les loyalistes de Man O War Cay, prohibitionnistes et puritains étaient, en plus, un peu trop racistes sur les bords pour leur offrir le gîte.

J’ai par la suite remarqué au Hibiscus Cafe, où j’ai très bien mangé (avec un thé glacé comme les vieux en Floride) qu’un serveur sur deux  était « Blacks » et n’avaient pas pris le traversier. Hum… me suis-je dit quelqu’un à décidé de « challenger » la règle non-dite. J’ai même vu des locaux manger là quand même. Faut dire pour les excuser que c’était très bon. J’y ai goûté une Conch Chauder unique!

Mais revenons à nos moutons, pardon, à nos travailleurs immigrés que j’ai retrouvés à Marsh Harbour deux jours plus tard.

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De un, j’ai vu une trace de leur présence au supermarché Maxwell comme en témoigne la bilinguisme de l’affiche sur la photo. Prononcez à haute voix ou demandez à un ami Haïtien de traduire et vous verrez que le Créole est assez près du Français pour qu’on se comprenne, même aux Bahamas.

Mais de là à croire qu’on en faisait tant pour une quinzaine de gars qui travaillent à Man O War Cay. Je demeurai un peu perplexe me permettrez-vous

Jusqu’à ce que, en prenant mon « Gumbay Smash » à l’ancre dans la baie de Marsh Harbour, qu’est ce que je vois débarquer au quai municipal? Au delà de 500 de leurs concitoyens d’une dizaine de traversiers différents. Les « Donnies » de la compagnie Albury Ferry Services qui construit justement ces bateaux à Man O War et qui les ramènent d’une dizaine de destinations différentes tout autour, où ils gagnent leur vie et celle de leur famille.

Et pas si mal que ça puisqu’en débarquant du traversier, ils se dirigent vers le stationnement publique au coin de la rue au mène au supermarché Maxwell, embarquent dans leur auto à deux ou à trois et remontent la rue pour rentrer à la maison.

Alexander Rolle, le chauffeur de taxi qui m’a ramené du supermarché hier matin m’a confirmé qu’une importante communauté haïtienne habite à Marsh Harbour et que ce sont des travailleurs recherchés un peu partout dans les îles autour.

D’où le business florissant de la compagnie de traversiers Albury Ferry Services de Marsh Harbour. Des traversiers construits par des Haïtiens à Man O War Cay, qui dessert la Baie des Abacos.

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Et de deux, épilogue, j’ai pris cette photo ce matin. Dans un système bien rodé, il n’y a pas de hasards : 8h am, première étape du métro-boulot-dodo, à bord du « Donnie XII » en direction d’une des îles touristiques des alentours.

Les touristes ne vont plus à Haïti. Alors, les Haïtiens, en bon travaillants, vont aux touristes, là où ils les trouvent. Je sais, j’en avais un qui travaillait avec moi, au Belsish’ Bagle de St.Marteen. L’année ou je croyais avoir trouvé la formule pour devenir millionnaire en implantant des Bagelleries un peu partout dans les Antilles. Une idée originale de Jean-Guy, avec qui je voyage justement aujourd’hui.

C’était il y a 25 ans déjà. J’étais jeune et « entrepreneurial », comme on dit aujourd’hui. Ha, ha, ha!!!

PS Ironiquement, c’est lui le millionnaire aujourd’hui. Plus sage que moi, il m’a lancé l’idée et à plutôt fait carrière à Hydro Québec. Ho, ho, ho!!!

Man O War Cay

Se traduirait en français par Caille de la Méduse. C’est vous dire, les différences culturelles d’une langue à l’autre … Nous y avons passé la nuit après la journée à Hope Town, l’île voisine.

Ici aussi, un beau contraste culturel entre deux îles des Bahamas situées à 5 miles de distance géographique et à un siècle de distance sociologique.

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Hope Towne, 500 habitants passe à 1500 en période touristique. Trois maisons sur quatre sont en location à la semaine. Elles sont toutes colorés dans les tons qui correspondent aux gouts des clients américains. En prime elle offre l’assortiment de boutiques artisanales gérées par des madames de New York et des Resto-bars qui donnent sur la baie intérieure.

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Pour les plaisanciers, il y a les mouillages en location et le phare traditionnel au pétrole à visiter. Le dernier du genre en opération dans les Bahamas. Mais sur la rue, on sent qu’on partage avec les touristes.

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Man O War Cay a été fondée en 1796 par des loyalistes qui  ont quitté la Virginie lors de la guerre d’indépendance. Ils ont amené avec eux deux traditions qui persistent jusqu’à nos jours. Ils ne fréquentent les noirs que dans l’environnement de travail et vont les reconduire chez eux, dans l’île voisine de Marsh Harbour, à la fin de la journée. Puis ils sont encore en mode « Lacordaire » ou prohibition même dans les restaurants.

Ce qui fait que certains plaisanciers les plus conscients ou engagés, je ne sais plus, préfèrent ne pas s’y arrêter.

Le Capitaine Net

Le Capitaine Net

Soyez sans craintes, je ne lance pas un réseau compétiteur à mes amis québécois qui ont mis en place et qui gèrent depuis plus de 20 ans le Réseau du  Capitaine qui accompagne les plaisanciers québécois et autres francophones qui prennent la mer et s’aventurent au-delà de la couverture de NOAA Radio sur la VHF. Ils font un travail d’experts et ont acquis une expérience que j’apprécie mais que je n’oserais chiffrer. Calculez par vous-mêmes, la somme de la couleur de leurs cheveux sur la page web.

Non, je parle de mon Capitaine sur Sea Drifter, l’hiver dernier aux Bahamas. Si vous regardez bien la luminosité sur la photo vous verrez que la journée est plutôt nuageuse à l’ancre au nord de Tahiti Beach. C’est dans ces moments-là que mon Capitaine sort son soleil de la Floride pour reprendre le dessus.

Capitaine Net

Maintenant si vous regardez d’un peu plus près, vous remarquerez à sa coiffure bien léchée qu’il sort directement de la douche. C’est à dire une plongée dans l’eau des Abacos puis un savonnage au Joy suivi d’un rinçage à l’eau salée. Pour les non-initiés, je dois préciser que le Joy (oui, oui, le savon à vaisselle) à la particularité d’émulsifier l’eau salée pour qu’elle ne laisse aucune trace de ce « collant » habituel caractéristique des plages de bord de mer. Si quelqu’un a l’explication scientifique de ce phénomène, j’apprécierais une contribution à mon développement personnel.

Les Abacos, c’était mon monde de découverte, cette année. Le seule partie des Bahamas que je n’avais pas visitée dans mes voyages précédents. Je suis en pleine admiration pour ce magnifique « terrain de jeux de voileux » et prise de notes pour mon Guide nautique des Bahamas*  qui va dépasser mes attentes.

Aujourd’hui nous sommes allés prendre une bière dans un des deux Resto-Bars sur la rive opposée de Tahiti Beach, sur l’ile Lubber’s Quarters.

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Par hasard, nous sommes tombés sur Robert Stewart un petit gars de NDG qui a construit le Cracker P’s dans les années ’90 et qui nous a servis la « Sands », une bière plus authentiquement bahamienne que la KALIK, d’après lui. Elle est brassée à Grand Bahamas par des bahamiens plutot qu’à Nassau par Heinneken.  Quant à lui, il a été bercé par une maman francophone qui venait de St-Stanislas, près de Trois-Rivières. Ce qui lui permet de nous présenter son menu avec une petite gêne, malgré un bon français qu’il n’a pas oublié après une trentaine d’années. Il est aussi un peu de descendance bahamienne, ce qui explique le nom du Resto-Bar, en l’honneur de Cracker Pinder, sur la photo, qui avait développé ce site au début du siècle.

Si son voisin du resto Lubber’s Landing  vous reçois pour le lunch avec des Mahi-mahi Burger connus à 50 milles marins à la ronde, c’est tout de même au « Cracker P »qu’on se retrouve pour le « 5 à 7 » et pour le dîner entre amis voileux.

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Mais n’oubliez pas de revenir vers Tahiti Beech pour une longue marche sur la plage qui s’avance comme un croissant dans l’eau au point que rendu au bout, vous donnerez l’impression que vous  marchez sur l’eau.

*Le Guide nautique des Bahamas : Section les Abacos ou Section les Exumas,  disponibles à compter du premier juin 2016 en format électronique.

Les Puits Espagnols

Notre dernier contact avec Eleuthera, Spanish Wells, a été un arrêt agréable avant la grande traversée de ce matin vers un tout autre secteur, les Abacos que je vais vous présenter au cours des prochains semaines.

Cette agglomération de 1500 habitants sur la pointe Nord de l’île est un petit village très animé autour d’un port de pêche où quelques chantiers navals travaillent sur de grosses unités. C’est aussi un centre de service pour une baie toute proche, peuplée de centres de villégiature huppés. Alors, oubliez vosconserves , le Food Fair, un mini cosco, m’a meme permis de manger ma pizza hier soir. Il était temps après deux semaines de vivanneau, de maquereau et de pompano. Ouf.

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Note au passage. Le prix des aliments y était compétitif avec ce que vous trouverez au Métro de Bouchertown.

La population majoritairement blanche est de descendance loyaliste qui a quitté les USA au moment de la guerre d’indépendance. Quand ils sont arrivés ici, c’était déjà un centre de ravitaillement en eau fraîche où la flotte espagnole venait puiser avant la grande traversée de retour d’Hispañola. D’où le nom qui lui est resté.

D’ailleurs, dans la plus belle tradition, puisque l’eau à un léger goût salé à la marina, Adele Robson livre l’eau de son puits pour 50 cents le gallon. Notez au passage, les mesures anglaises tout comme l’accent Brit des villageois en général. Leurs maison bien entretenues, incluant celle de Léo Pinder, un des pères fondateurs qui date de1795, sont garnies d’un parterre manucuré a l’anglaise aussi.

On comprends pourquoi ils ont quitté le pays qui allait devenir tellement « fleurs en plastique » au point de risquer de voter pour un « faux blond ».

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Hatchet Bay

Tout en me baladant dans les Bahamas cette année, je prends des notes pour ce Guide que je veux publier au printemps. Enfin, me direz-vous, les prévilégiés de mon fan club, qui aimez lire mes récits de voyage.

Je vais le faire différent des autres bien sûr, mais surtout en français, ce qui n’existe pas encore. Il va être agrémenté de mes anecdotes de voyages précédents, tout comme de celui-ci. Puis je veux qu’il se distingue par les conseils de sécurité dont entre autres, où se réfugier quand un bon coup de vent s’annonce.

Ici, on appelle ça un Norther parce que le vent passe en dedans de 24 heures, des doux alizés à un vent fort et froid du Nord en passant par l’ouest d’abord pour revenir progressivement au nord-est par la suite. Quand les Bahamiens voient un drapeau canadien sur un bateau, il nous regardent avec un petit air : « pourquoi vous nous avez amenée ça? », car ça correspond à une bonne tempête qui vient de passer sur le Québec.

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Alors Hatchet Bay est un de ces endroits typique où se réfugier pour laisser passer un Norther, car elle est complètement fermée, regardez la largeur de la porte d’entrée. Puis elle a moins d’un mètre de diamètre. Parfait petit paravent de tous les côtés face à un vent qui va tourner de 360°.

J’en ai trouvé de ces endroits « paravents » un peu partout dans les îles et je vais en dresser une carte pour aider les plaisanciers à y trouver facilement refuge. Puis regardez les couchers de soleil que ça donne quand on n’est pas trop stressés et qu’on a le temps de les prendre en photo pour ceux et celles qui étaient dans la tempête.

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