Il est 4h du matin dans l’ancrage à West End; petite vérification de la situation au réveil : le vent ne viens pas d’où il devait venir ce matin. J’ai choisi de traverser aujourd’hui parce que un vent du Sud à 15 Nds, c’est la situation idéale pour entreprendre la traversée du retour vers Port St,.Lucie à un Cap vrai à 315°. Qui dit mieux pour une traversée au largue de tout repos.
Mais voilà qu’au lever, mardi matin, ce que je ressens c’est un vent léger du Nord. Est-ce qu’il a oublié de tourner où a-t-il tourné trop vite. Vérification faite avec Sailflow, c’est bel et bien le vent qu’on avait prévu pour demain et pour les prochains jours. Grosse consultation avec moi-même est-ce que je suis prêt à effectuer la traversée au largue (par vent de travers) par un vent du Nord-Nord-Est qui est tout de même à moins de 20 Nds.
Ça fait 5 jours que je pratique le vent de travers autour de 25 Nds depuis Marsh Harbour. Je me suis tout de même assez bien refais la main et ça s’est bien passé. Il reste la question du Gulf Stream que je vais traverser avec un vent contre le courant. Immédiatement cela devrait me décourager selon les plus prudents d’entre nous. Vérifications faites hier, la vitesse du courant ne dépasse pas 2,5 Nds ici, ces jours-ci. et ça ne vaut que pour environ le tiers de la traversée de 66 MN que j’ai calculé. Mais ça ne va pas être l’enfer, tout de même; les vagues vont être un peu plus pointues, sans plus entre la 6 ième et la 10 ième heure des 13 que je planifie pour réaliser ce passage.

À 5h l’ancre est levée, le génois grand ouvert et je sors en mer avec l’assistance du moteur pour les premiers miles afin de maintenir une vitesse au moins à 5 Nds. Au lever du jour tout se passe bien, le vent n’a pas trop forci déjà. Alors je décide de lancer la Grand’Voile pour assister mon Génois. Tout le système s’équilibre bien; je n’ai plus besoin de moteur pour maintenir ma vitesse souhaitée. Je réussis même à équilibrer assez bien pour que le bateau se barre de lui-même. Ça va me donner un break étant donné que Linus n’a pas la capacité de tenir le cap, à cause de ma barre trop serrée qui va devoir subir une révision majeure rendu à destination, pour que je puisse enfin benificier de ce magnifique assistant qui dors pour le moment.
J’arrive donc à parcourir à peu près le tiers du chemin sans avoir à mettre trop d’efforts soutenu à la barre. Ça va bien. Il fait beau, il fait chaud, pas de perturbations atmosphériques autour. La mer est d’un beau bleu profond comme on ne la voit qu’au large. Bientôt je franchi la ligne de transport maritime en bordure Est du Gulf Stream et je croise, ou du moins, j’aperçois, au moins 5 petits cargos. Je me fais aussi depasser à l’occasion sur bâbord par des bateaux motorisés qui sont sortis de Freeport en direction de Lake Worth, West Palm Beach. Plus jamais seuls, même en mer.

J’ai un bon 16 à 17 nœud de vent bien établi, une mer bien formée avec des creux à 1m50. Quand on raconte ses histoires d’habitude, on multiplie par 2 la hauteur des vagues mais moi je préfère rester honnête c’était vraiment 1m50 de creux. Mais ça se passait bien. Au Petit Largue, nous sommes bien en position idéale pour rouler les vagues. Ça veut dire toutefois que je dois prendre les choses en main et travailler avec attention pour les 4 prochaines heures.
Au sommaire je dois dire que la Gulf Stream n’a pas fait une très grande différence. Parce que je savais que j’y étais et que j’ai prêté un peu plus attention, je peux dire que pour cette partie, le roulis était amplifié par des vagues qui se formaient légèrement plus abrupte. Pas assez pour qu’on le voit à l’ œil toutefois mais c’est le passage sous la coque et la poussée contre la quille qui faisait rouler plus que d’habitude. C’était juste ça qui faisait la différence.
Donc, le Gulf Strram avev un vent contraire ça nous énerve un peu, mais moi je dirais qu’ici ça faisait plus de peur que de mal. Et vu que je ne suis pas très peureux j’ai vraiment pas eu de mal, mais j’ai fait une sacrée belle traversée.

À un moment donné je me suis rappelée des sorties de ce genre il y a 30 ans quand on avait des météo moins précises et qu’on connaissait moins les défis qui pouvait nous attendre. L’époque où on en avait des histoires à raconter en arrivant au port après une traversée. Est-ce que je suis en train de vous dire que je me suis sentie rajeuni de 30 ans hier après-midi? En tout cas je l’ai fait la traversée; 13h non stop à la barre.

Puis, je suis entré à Port St.Lucie et j’ai remonté jusqu’à Mannatee Pocket ou j’ai jeté l’ancre à 18h00 pour aller prendre une bière au « Twisted Tuna », le « spot » à Port Salerno où c’est toujours vendredi soir au bar; même un mardi. Enfin, pour me récompenser d’une journée d’efforts bien soutenus, je me suis offert « l’Assiette de fruits de mer du Capitaine » pour dîner. Je dois avouer que j’ai dû me faire préparer un « doggy bag ». Alors, je refête ça ce soir!
À la santé des marins qui ont encore le goût de rouler des vagues pour le plaisir,!😎😉
PS
Le lendemain, j’ai navigué toute la journée avec mon drapeau de courtoisie Bahamien, mais ça, je ne m’en vante pas. Tenez ça mort!
PPS
J’ai effectué ma clairance d’entrée aux USA à Fort Pierce au moyen de la nouvelle application mobile ROAM de CBP. Un charme; plus besoin de louer une auto pour aller se montrer la face à l’aéroport
Bravo Capitaine!
Beau récit qui donne le goût aux grandes aventures.
13 heures à la barre. Wow!!