On rentre.

Vendredi soir bien ancré dans Great Sale Cay, North-West Bay, je suis un peu fatigué, mais bien content de ma décision d’avoir quitté Marsh Harbour tôt mercredi matn.

Une décision qui a surpris le Maître de Port à la Mangoose Marina, un gars fort sympathique. Il regardait le vent qui même tôt, soufflait déjà à plus de 25 Nds et pensait que j’avais un bien petit bateau pour affronter les vagues de 1m50 au large de  Whale Cay pour éviter le haut-fond sur le bureaubanc entre  Great Guana Cay et Green Turtle Cay. Mais c’était sans compter qu’avec mon petit bateau, je peux passer ce haut-fond sur le banc à la hauteur de Treasure Cay. Il suffit que j’aie une marée haute au passage de Don’t Rock qui semble barrer le passage où du moins prévenir du danger.
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J’ai donc franchi la passe étroite mais suffisante même pour un tirant d’eau de 1m80. Une information que je vais ajouter à la révision du Guide des Abacos, maintenant que je l’ai vérifiée.
Ainsi, avec un grand largue qui me poussait allègrement avec un ris dans la Grand’Voile et le génois à peine entrouvert, je me suis retrouvé à l’ancre à Green Turtle North près du Resort. Là où j’ai eu le plaisir de saluer le jeune couple sur le petit catamaran Castaway que j’avais connu dans le bassin intérieur à Manasquan Inlet l’automne dernier. Quand je m’y était arrêté pour cause de côté cassée, vous vous souvenez. Il s’en est passé beaucoup depuis. Ouf!
Hier, les vents toujours portants mais un peu moins fort m’ont permis de prendre ça un peu plus relaxe à la barre. Je dois dire toutefois que Linus trouve l’effort requis trop grand à ces allures. Tant que je n’aurai pas réglé non problème de barre coincée, il se refuse à collaborer. Ça se fera lors des grands radoubs du printemps. Heureusement, les étapes sont courtes sur mon chemin du retour. J’ai atteint Allan’s/Pensacola tôt dans l’après midi après m’être fait pousser encore à la vitesse de coque ou presque pendant près de cinq heures.
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Puis, grand plaisir, j’ai vu arriver Harphang II le voilier d’une petite famille fort sympathique rencontrée dans ce cas-ci dans le Canal Adirondack à l’automne puis ensuite à Nassau en février. Nous sommes tous une belle grande famille. À preuve, je m’apprêtais à préparer mon dîner de hamburgers quand ils sont arrivés. Inutile de vous dites que ça s’est changé en invitation à manger des spaghettis en famille et une belle soirée passée avec Geneviliève, Mathieu Maya et Lili (dans l’ordre inverse sur la photo).
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Aujourd’hui, les vents prévus devaient passer du Nord-est des deux derniers jours à une allure plus du Nord. Ils devaient forcir aussi avec des poussées au-delà de 25 Nds à compter de 15h
J’ai donc proposé que l’on parte assez tôt pour ne pas trop souffrir. La direction était bonne puisque de Allan’s à Great Sale Cay, la prochaine escale, nous prenons une direction un peu plus vers l’ouest. Donc, on continue au portant. Au matin, il n’avait pas encore tourné alors puisque j’allais l’avoir presque dans le dos, j’ai choisi de rouler sous génois seul. Une situation plus confortable à manier seul à bord.
J’ai perdu mes copains de vue assez tôt car ils avant une escale de ravitaillement de prévue en cours de route. Mais là je suis rassuré, ils viennent de jeter l’ancre juste là derriere moi.
Il est 18h30, ils se sont tapés une journée plus longue que la mienne. J’étais ici a15h, non sans goûter au vent qui à forci vers Midi plutôt que 15h comme prévu.
La météo, c’est une science.
À peu presque si précise que l’économie. Mais les enjeux sont grands et les imprévus fréquents, dans un cas comme dans l’autre.
Samedi matin le vent souffle encore autour de 25 Nds presque du Nord et devrait diminuer vers midi. Si j’avais quelqu’un à bord avec moi, nous pourrions nous offrir la directe vers West End à 45MN vers l’Ouest-Sud-Ouest. Mais comme je suis toujours en mode solitaire, je vais faire escale à Mangrove Cay à mi-chemin. Je compte 4h30 de route. Je serai là tôt après Midi. Faut que je me ménage, il me reste 3 jours de route pour atteindre le continent.
Tout va bien et mène plus vite, avec le vent au trois-quart arrière qui me pousse à près de 25 Nds. Je regarde la quantité de moutons et le creux des vagues qui atteint un mètre pour les plus amples. À ce rythme-là je vais être à Mangroove pour le lunch.
Mais voilà qu’à peu près à mi-chemin vers 11h, le vent tombe en bas de 20 Nds et la vitesse coupe presque de moitié. J’ai l’impression que je n’avance plus tout à coup. Et là, j’experimente le syndrome du « but à atteindre avec efficacité ». Un phénomène que j’observe chez mes amis voileux qui descendent dans le sud à moteur. Un paradoxe que je veux traiter dans mon prochain Guide de l’Intracostal « en mode flâneur »,  à paraître à l’été pour la prochaine vague de descente aux Bahamas.
Ainsi, quand soudain le vent diminue, plutôt que de prendre ça relaxe comme on ferait au Lac, on rescent une  forte impulsion qui nous pousse à mettre le moteur en marche pour ne pas perdre le rythme, pour rester efficace au max. Je l’ai rescenti exactement comme cela avant de réfléchir et me dire que si j’arrivais vers 14h30 plutôt que 13h, qu’elle serait le problème, qu’est-ce que je perdrais? Et c’est à ça qu’il faut penser en bons voileux. Quand nous choisissons ce sport peu rationnel, c’est dans le but de ne pas être contraints par les horaires; pour rester « libre comme le vent ». Alors pourquoi se transformer en courseur contre la montre et transformer son voilier à propulsion éolienne en Trawler à propulsion mécanique.
Non pas que j’en au contre le Trawlers, au contraire, nous avons fait cette route ensemble Jean-Guy et moi sur le sien, il y a deux ans et chose intéressante, nous avons fait exactement les mêmes escales, mais à vitesse constante. Ou bien on s’est levés un peu tard, ou on est arrivé un peu plus tôt à l’escale. Mais autrement, avec deux demie-heures de moteur par jour seulement depuis 4 jours, je suis heureux de pouvoir faire de la voile en rentrant à la maison cette année.
Puis j’ai plein de temps pour ma douche mon lunch et me reposer avant d’entreprendre le prochain leg demain vers West End. En fait plein de temps pour me demander si ce ne serait pas plus chouette d’être en croisière à deux.
Une réflexion que j’ai faite récemment lors de la présentation de ma conférence : « Qu’est-ce que vous attendez pour partir! » avec les voileux de « La barque » et leurs invités, il y a quelques semaines à Québec City. Cette conférence en a déjà marqué quelques-uns et quelques-unes qui m’en ont fait le témoignage lors de nos rencontres aux Bahamas ou en consultation privée comme il m’arrive de le faire à l’occasion.
Mais voilà que c’est à mon tour d’être touché par cette question qui y est soulevée : « Partir seul ou avec quelqu’un d’autre? » Peut-être suis-je dû pour un changement de paradigme. Après six ans de navigation en solitaire dans mon mode fétiche: « Heureux qui comme Ulysse… », est ce que je serais prêt maintenant que Pénélope n’est plus là à revoir mes concepts fondamentaux. En tout cas, c’est ce qui m’est venu à l’esprit en en parlant avec les collègues de Québec qui rêvent de partir. Je dois avouer, en tout cas, que là-bas, parmis les deux douzaines qui y penseaient sérieusement, le modèle était plutôt du genre : « Partir à deux c’est mieux! »
Marche, marche, marche; réfléchissons.
Dimanche matin il a tellement venté ces jours derniers qu’il n’en reste plus pour cette dernière partie vers West End. Là-dessus, je dois faire amande honorable au sujet de mes commentaires sur la météo. Il y a une semaine c’est exactement ce qui était prévu. Alors on peut se fier, en général. Comme à la bourse. Jusqu’à ce que…
Faut-il s’attendre à une journée monotone et sans histoires alors. Mais pas du tout nous sommes sur SurpriseS. Alors, le divertissement du jour, c’est une légère fuite d’eau dans le système de refroidissement du moteur. J’ai bien essayé de colmater à l’epoxy, mais rien à faire, ça coule. Heureusement que ma nouvelle flotte de pompe de cale fait bien son travail et m’évacue ça par le tableau arrière.
Je ne vais pas trouvé à réparer ca à West End un dimanche, j’en suis persuadé. Ça va devoir tenir le coup pour la traversée demain, car ça va aller en Floride avant que je trouve le matériel pour une réparation d’urgence.
Voyez comme nous avons bien appris à traîter les urgences au Québec. C’est une force, ça dans les circonstances. Sinon, ce serait la panique totale à bord. Prenez deux aspirines et…
L’autre divertissement du jour, ce sont les petits cruisers qui me dépassent à haute vitesse et à grande fréquence. C’est vous dire que pour eux, Marsh Harbour, ce n’est pas 5 jours mais plutôt 5 heures. Alors ça rentre à la maison dimanche soir.

4 réflexions sur “On rentre.

  1. Tu as raison Jean-Guy, mais faudrait que je fasse le tour du moteur au complet. Je vais en manquer. C’est une fuite sur la paroie latérale. Je vais tout de même colmater avant de partir demain matin.

    C’est Monica qui a raison, rien ne presse. Je vous écrit ces mots ancrés là où on l’a déjà fait ensemble Jean-Guy. En attendant qu’un jeune Bahamien m’apporte le tube d’epoxy commandé ce matin.

    De toute façon, les dieux sont avec moi, je traverse à l voile demain avec un Sud-Sud-Est à 15Nds.

    J’avais commandé ça à l’automne.😎😉

  2. Te reste pas de ce « tape » magique pour les réparations d’urgence (le rouge). Il durcit et est sensé colmater même sur de l’huile ! Qu’y disent dans la pub.

  3. Tu m’inquiètes un peu avec ta fuite… Il suffirait que ta pompe de cale devienne capricieuse… Et si tu faisais ta réparation à compter de lundi et traversais un p’tit peu plus tard? Qu’est-ce qui te presse Capitaine?

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