Boucler la boucle

Le 1 janvier on s’embarquait pour la randonnée aux Bahamas ensemble. Nous voici de retour à Stuart FL, notre point de départ quelques milles miles nautiques plus loin. Bronzée comme des JO de Club Med. Bon j’entends les commentaires drôles d’ici. Après avoir accompagné mon Capitaine jusqu’à Nassau, je suis retourné faire in petit bout d’un autre voyage avec Pénélope qui entamait la Phase 1 (chirurgie majeure) de sa bataille du siècle.

Elle a déjà ce premier set de gagné derrière elle et est maintenant en Phase 2 : le cours de chimie. Nous communiquons par courriel à tous les jours, comme aux premières temps de nos fréquentations il y aura 10 ans déjà  à la fin de la Phase chimique, justement. Si moi je pense que la navigation ça rend résilient, je n’avais rien vu de ce qui s’appelle changer de régime de vie. Et j’observe une petite bonnefemme qui a la détermination à toute épreuve. Je serai avec elle dans quelles jours.

Même croisé le Cruise Ship sur l'autre Renée avait eu le mal de mer pendant deux jours il y a quelques années.

J’ai même croisé le Cruise Ship sur lequel Renée avait eu le mal de mer la fermière fois.

La route du retour s’est faite comme sous le charme des sirènes. Partis de Green Turtle Cay le 13 mars, nous avons fait des petits sauts de crapaud d’île en île jusqu’à West End, la dernière avant-hier soir. Le fond de l’eau semble y être d’une couleur remarquablement bahamienne, avec dans l’ancrage, des tons de turquoise et d’émeraude qu’une eau absolument cristalline magnifie et fait miroiter.

Jpeg

Si ce n’était que a mer penche…

Puis, pour accentuer le charme, un Beach Bar nous permet de déguster notre dernière Kalik bien froide, les pieds dans le sable fin. Vous vous souvenez de la première à Bimini? Enfin, puisque le plaisir n’as pas de limite, de retour au bateau au moment où nous nous demandions si nous mangerions du Grouper ou du Snapper au dîner, deux jeunes pêcheurs qui rentraient au village, quelques milles plus loin, sont venus nous offrir de belles petites langoustes que nous avons invitées pour le souper.

Petites mais nombreuses ;-)

Petites mais nombreuses 😉

Vu que Jean-Guy avait décidé de ne pas chasser avec son Bahamian Sling flambant neuf, pendant ce voyage-ci, nous avions fait notre deuil des langoustes. Mais là, devant le beau sourire et l’offre irrésistible du jeune pêcheur, le sentiment de vouloir laisser un bon souvenir dans la communauté locale et surtout un manque à combler, je me suis laissé tenter. Que voulez qu’un gars fasse à  Bouchertown avec un 20$Bahamien qui était resté collé au fond de son porte-monnaie.

À mon tour de sourire jusqu’aux oreilles maintenant 😉

Je vous donne rendez-vous dans un mois, quand j’aurai réédité cette section des Abacos que j’ai découverte avec vous cette année et que j’ajouterai au Guide des BAHAMAS que j’avais commencé à préparer de mémoire des quatre saisons que j’y avais déjà passé auparavant.

J’espère le  publier avant l’été. Restez à l’écoute je vous reviendrai avec les détails.

Mon Capitaine qui s'ennuie déjà de moi. ;-) Sur l'air de : "Je suis seul ce soir avec mes rêves.'

Mon Capitaine qui s’ennuie déjà de moi. 😦
Sur l’air de : « Je suis seul ce soir avec mes rêves. »

Un dernier gros merci à mon Capitaine qui m’a enduré à bord jusqu’à aujourd’hui et que je laisse seul à ses pensées.

Au plaisir de revoyager ensemble tout le monde, bientôt!
Philippe

La route du retour

À l’ancre a Green Turtle Cay, suis torturé entre mon besoin de rejoindre Pénélope qui a un voyage plus tortueux que le mien en route présentent et le désir de prolonger le vie de rêve dans l’eau turquoise.

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Décision pas si difficile tout de même puisque les îles seront encore là l’an prochain et Pénélope aussi en meilleure forme je l’espère. Je vais donc selon le penchant de mon coeur.

Nous avons en conséquence pris officiellement le chemin du retour à partir de Green Turtle Cay. Je n’ai pas eu de difficultés à convaincre mon Capitaine qui commençait à monter des signes d’attirance nordique.

Mais au bout du compte, ce n’est pas nous quoi décidons, mais plutôt Miss Meteo. Quand elle nous propose presque une semaine de beau temps avec des vents de moins de 10nds, elle est irrésistible.

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Le chemin tracé nous fait voir tout au plus 4 belles petites demies-journées de pêche à la traîne sur le Little Bahama Bank pour nous amener à West End pour la traversée du Gulf Stream

Avec dîner de poisson du jour en prime, préparé par le Capitaine Toqué. Pour le dessert : « Couchers de soleil variés » nappés de croissants de lune servis frais.

Treasure Cay.

Je suis toujours un petit peu sceptique devant un nom de lieu qui annonce un trésor. Mais là, j’avais des amis qui nous avaient invités à les rejoindre dans le mouillage où ils sont installés pour l’hiver. Regent, un militaire à la retraite qui navigue sur « Adrénaline I », un Catamaran d’une quarantaine de pieds et son équipière Monique, une passionnée de la voile.

Le prétexte auquel je n’ai pas pu résister : « Pizza Nite » à la Marina. « Arrivez la veille si vous voulez avoir une place au mouillage. » Vu que mon Capitaine qui est un propriétaire d’un magnifique petit trawler aime bien être à l’abri du vent, il accepte aisément de se mettre au mouillage. Comme disait mon oncle Henri : « La sainte paix, ça n’a pas de prix! »

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Capitaine Tranquille

En allant aux douches, on croise Monique qui revient de la plage avec des coquillages pour ces petits-enfants. Jean-Guy à bien des petits enfants lui-aussi, mais lui, c’est un grand-père, pas une grand-mère. Nuance. Pour les coquillages, on repassera.Alors ce matin, puisque j’ai de la difficulté à trancher le pain que j’ai cuit hier soir, j’utilise le prétexte d’aller acheter un vrai couteau à pain au village pour l’entraîner hors du bateau.

Puis, là, il s’agit de se laisser guider par le bruit des vagues sur la plage et voyez ce qu’on y a découvert. Un monsieur de London Ont. qui mangeait à la table voisine de notre lunch de « Cracked Conch » (oui, oui, encore elles) me dit que c’était décrit dans les pamphlets publicitaires comme une des 10 plus belles plages au monde.

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Grand-papa à la plage

Bon, c’est de la pub, me direz-vous mais vous savez que j’ai une certaine expertise en plages, après 10 hivers à Véro Beach (Vrai Plage) et je ne peux pas argumenter de cette vantardise. Vérifiez par vous même. Le sable est si fin que nous calons à chaque pas. Au point de nous demander si nous n’aurions pas du prendre nos raquettes.

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Et ce, sur vingt miles ce long me dit-on.
Un vrai trésor, j’en convient.

Attendez que je vous parle de la pizza demain.

Second regard

Mon dernier posting à partir de Man O War Cay avait une petite saveur politique. Ce qui n’est pas inhabituel de mes observations de voyage. Je voyage tout autant dans la géographie sociopolitique que dans celle plus calme de la carte maritime, comme vous me connaissez.

Alors, mon dernier regard portait sur une quinzaine de « Blacks » qu’on embarquait dans un traversier pour les reconduire à l’île voisine de Marsh Harbour après leur journée de travail au chantier naval, sous prétexte que les loyalistes de Man O War Cay, prohibitionnistes et puritains étaient, en plus, un peu trop racistes sur les bords pour leur offrir le gîte.

J’ai par la suite remarqué au Hibiscus Cafe, où j’ai très bien mangé (avec un thé glacé comme les vieux en Floride) qu’un serveur sur deux  était « Blacks » et n’avaient pas pris le traversier. Hum… me suis-je dit quelqu’un à décidé de « challenger » la règle non-dite. J’ai même vu des locaux manger là quand même. Faut dire pour les excuser que c’était très bon. J’y ai goûté une Conch Chauder unique!

Mais revenons à nos moutons, pardon, à nos travailleurs immigrés que j’ai retrouvés à Marsh Harbour deux jours plus tard.

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De un, j’ai vu une trace de leur présence au supermarché Maxwell comme en témoigne la bilinguisme de l’affiche sur la photo. Prononcez à haute voix ou demandez à un ami Haïtien de traduire et vous verrez que le Créole est assez près du Français pour qu’on se comprenne, même aux Bahamas.

Mais de là à croire qu’on en faisait tant pour une quinzaine de gars qui travaillent à Man O War Cay. Je demeurai un peu perplexe me permettrez-vous

Jusqu’à ce que, en prenant mon « Gumbay Smash » à l’ancre dans la baie de Marsh Harbour, qu’est ce que je vois débarquer au quai municipal? Au delà de 500 de leurs concitoyens d’une dizaine de traversiers différents. Les « Donnies » de la compagnie Albury Ferry Services qui construit justement ces bateaux à Man O War et qui les ramènent d’une dizaine de destinations différentes tout autour, où ils gagnent leur vie et celle de leur famille.

Et pas si mal que ça puisqu’en débarquant du traversier, ils se dirigent vers le stationnement publique au coin de la rue au mène au supermarché Maxwell, embarquent dans leur auto à deux ou à trois et remontent la rue pour rentrer à la maison.

Alexander Rolle, le chauffeur de taxi qui m’a ramené du supermarché hier matin m’a confirmé qu’une importante communauté haïtienne habite à Marsh Harbour et que ce sont des travailleurs recherchés un peu partout dans les îles autour.

D’où le business florissant de la compagnie de traversiers Albury Ferry Services de Marsh Harbour. Des traversiers construits par des Haïtiens à Man O War Cay, qui dessert la Baie des Abacos.

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Et de deux, épilogue, j’ai pris cette photo ce matin. Dans un système bien rodé, il n’y a pas de hasards : 8h am, première étape du métro-boulot-dodo, à bord du « Donnie XII » en direction d’une des îles touristiques des alentours.

Les touristes ne vont plus à Haïti. Alors, les Haïtiens, en bon travaillants, vont aux touristes, là où ils les trouvent. Je sais, j’en avais un qui travaillait avec moi, au Belsish’ Bagle de St.Marteen. L’année ou je croyais avoir trouvé la formule pour devenir millionnaire en implantant des Bagelleries un peu partout dans les Antilles. Une idée originale de Jean-Guy, avec qui je voyage justement aujourd’hui.

C’était il y a 25 ans déjà. J’étais jeune et « entrepreneurial », comme on dit aujourd’hui. Ha, ha, ha!!!

PS Ironiquement, c’est lui le millionnaire aujourd’hui. Plus sage que moi, il m’a lancé l’idée et à plutôt fait carrière à Hydro Québec. Ho, ho, ho!!!

Man O War Cay

Se traduirait en français par Caille de la Méduse. C’est vous dire, les différences culturelles d’une langue à l’autre … Nous y avons passé la nuit après la journée à Hope Town, l’île voisine.

Ici aussi, un beau contraste culturel entre deux îles des Bahamas situées à 5 miles de distance géographique et à un siècle de distance sociologique.

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Hope Towne, 500 habitants passe à 1500 en période touristique. Trois maisons sur quatre sont en location à la semaine. Elles sont toutes colorés dans les tons qui correspondent aux gouts des clients américains. En prime elle offre l’assortiment de boutiques artisanales gérées par des madames de New York et des Resto-bars qui donnent sur la baie intérieure.

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Pour les plaisanciers, il y a les mouillages en location et le phare traditionnel au pétrole à visiter. Le dernier du genre en opération dans les Bahamas. Mais sur la rue, on sent qu’on partage avec les touristes.

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Man O War Cay a été fondée en 1796 par des loyalistes qui  ont quitté la Virginie lors de la guerre d’indépendance. Ils ont amené avec eux deux traditions qui persistent jusqu’à nos jours. Ils ne fréquentent les noirs que dans l’environnement de travail et vont les reconduire chez eux, dans l’île voisine de Marsh Harbour, à la fin de la journée. Puis ils sont encore en mode « Lacordaire » ou prohibition même dans les restaurants.

Ce qui fait que certains plaisanciers les plus conscients ou engagés, je ne sais plus, préfèrent ne pas s’y arrêter.