Back in the Bayou

J’ai quitté Beaufort dimanche matin après une semaine de socialisation et quelques belles rencontres. Mais depuis trois jours, c’est la grande tranquillité.

J’ai bien de la misère a apprécier ça spontanément, la grande tranquillité. Il faut que je me parle et que je me dises d’en profiter. J’en profite effectivement à partir du moment où je me suis calmé le petit animal social. Mais c’est un exercice mental à faire à chaque fois.

La, je suis en route pour Élizabeth City puis le Dismal Canal, ces deux jours dans le bois que j’aime bien par contre. Ce n’est pas le plus court chemin mais les gens y sont tellement accueillants que je ne peux pas passer à côté. « Le petit animal social que je disais! »

Puis, je connais un Quick Lunch qui fait un excellent Crabe Cake. Alors, que vous dire de plus…

PS Notez à quel point la mer est tout à fait calme derrière. Pas un souffle de vent.

PPS La photo du beau bonhomme, c’est juste pour souligner que je suis le passager sur mon bateau aujourd’hui. C’est Charlie Brown qui a barré toute la journée. Le moteur, il aime plus que moi.

Ménage à trois

20141229_111658 (1)-1J’aime la remontée du Sud au printemps par l’intracostal (ICW) entre autres, pour la possibilité d’y rencontrer des navigateurs plus extravagants que moi. Surtout parmi ceux qui complètent leur tour de la Grande Boucle, ce parcours d’une année qu’ils ont entrepris l’été passé en remontant le St-Laurent jusqu’aux Grands Lacs, puis la descente du Mississippi jusqu’au Golf du Mexique. Après avoir fêté le passage de l’année dans les Florida keys, ils remontent mainteneur la Côté Est comme moi. mais ces trois là m’ont coupé le souffle quand je les ai découverts à Oriental NC.

Pierre a un peu plus de 40 ans, Jennifer, un peu moins et leur compagne de route depuis sa naissance, Jasmine, un chien d’ours de Carélie a 4 ans leur assure une nuit de sommeil tranquille peu importe dans quel endroit sauvage ils leur arrive souvent de montrer la tente À trois, ils remontent comme moi, la Côte est pour rentrer au Québec. Ah, j’oubliais, ils ne le font pas en voilier; ils le font à la pagaye dans un canot rempli de tout ce qu’ils possèdent : 500 livres d’équipement.

Ces deux spécialistes du plein air n’en sont bien sûr pas à leur première aventure. Pierre a réussi plusieurs exploits d’endurance à date, à pied, en vélo, en moto ou en canot. Jennifer qui l’accompagne et le seconde depuis une douzaine d’années n’est pas en reste, elle non plus, en terme d’expériences. Leur dernière aventure, la remontée de la piste des Coureurs des bois en canot, à partir du Minnesota jusqu’à Repentigny s’est terminée en 2012.

Ils ont tenté de réintégrer le métro-boulot-dodo après cette randonnée de 2 200km sur l’eau mais c’était trop de contraintes auxquelles se réhabituer. Ils ont préféré retrouver leur liberté et pour être sûrs de ne pas se laisser reprendre, cette fois, ils ont tout vendu, autos, maison et autres possessions et ont entrepris Odyssée NorAm, un projet de pagayage de trois ans en Amérique du Nord, dont la Grande boucle n’est que la première étape.

Ce qui me fascine toutefois, c’est que ce ne sont pas deux grands costaux au physique imposant. Au contraire, à première vue, sur le quai publique à Oriental, j’aurais pu les prendre un petit couple de BCBG du Plateau qui promène leur chien. Mais ce sont des géants de caractère et des doux au cœur.

Quand je leur ai posé la question classique : « Qu’est-ce quoi vous a le plus fasciné de votre expédition à date? » Sans même y réfléchir plus de 3 secondes, ils se sont mis à me parler de la générosité des gens qu’ils ont rencontrés partout au cours de leur périple qui les a amené au Nord de l’Ontario puis dans le Mid-ouest américain jusque dans le bayou du sud du Mississippi puis, maintenant, la Côte Est. Tous ces gens qui leur ont offert l’hospitalité, un coup de main, une invitation à se joindre à la fête, de la bouffe ou un coin de terrain.

Même un gite ou un lift, comme ce couple d’Américains sur Blue Mon, un Trawler juste un peu trop gros pour l’expérience de son nouveau proprio. Pierre l’assiste dans sa navigation depuis quelques semaines et Jennifer donne un coup de main à bord pendant que le canot retourné sur la proue du Trawler offre une image incongrue dans ce paysage. Et nos deux jeunes aventuriers en profitent pour se régaler d’eau froide; ce qui leur a le plus manqué lors de la présente aventure sous le Tropique du Cancer.

Vous êtes intrigués comme moi et vous voulez les mieux connaître, allez leur rendre visite sur :
http://www.wildravenadventure.com/#!accueil/mainPage

PS La superbe photo est de Michael Ouellet