"Mais qu’est-ce qui arrive quand il n’y a pas de vent du tout, du tout?" C’était la question de Ty, mon chauffeur de taxi qui m’a ramené de l’épicerie hier matin. Je ne lui ai pas tout dit, mais je l’ai rassuré que j’avais un petit moteur pour ces jours là.
Alors, ça se passe à petit moteur, aujourd’hui. Pas un souffle pendant un long virement de bord du vent qui passe du Sud hier, au Nord demain. Entre temps, la mer d’huile.
Sur un étendu vaste comme la Baie de Chesapeake, c’est une belle occasion de faire du ménage ou de l’entretien. Aujourd’hui, c’était un petit contrat de peinture non-dérapente sur les passes-avants et l’interrupteur de la pompe à eau potable qui avait lâché la semaine dernière. J’ai profite de ma visite mensuelle chez West Marine pour me procurer l’interrupteur en même temps que quelques autres objets et produits de consommation courante. C’est là que les propriétaires de bateaux laissent toutes leurs économies : West Marine!
Alors, tout va bien pour le contrat de peinture qui sèche rapidement avec le soleil qui plombe aujourd’hui. Pour la petite pompe, on repassera. L’interrupteur est trop gros et ne se marie pas au bec de la pompe. Je vais continuer à pincer les deux fils ensemble comme on l’a fait tout la semaine dernière, Jean-Marie et moi.
Par contre, l’interrupteur de la pompe de cale, lui, fait des siennes. L’interrupteur automatique avait déjà montré des signes de fatigue. Maintenant, c’est autour de l’interrupteur manuel de me lâcher cet après-midi. Mais là je suis loin de West Marine. Alors, c’est un cas de bricolage de fortune en utilisant un autre circuit électrique, en attendant de regarder cela de plus près. Ce que je ne peux pas faire en route, car ça demande de quitter le cockpit trop longtemps.
Même si Charlie Brown barre bien pour moi, il a un grand pouvoir de concentration mais, il barre en aveugle; il a besoin de mes yeux qui font un tour d’horizon aux 5 minutes, car je ne suis tout de même pas tout à fait seul. Là, il y a un grand voilier à un mille devant moi à 11h, un cargo à un demi-mile à 3h et deux Trawlers, un qui vient de me dépasser et un autre qui s’apprête à le faire. Sans compter deux autres voiliers à moteur, loin devant (je suis sorti de l’ancrage avant eux ce matin mais je suis le plus petit, donc, le moins rapide). Je vais quand même arriver en Floride à un moment donné. Ils seront déjà rendus aux Bahamas, quant a eux.
Voilà, il est 14h30, tout est fait. Il me reste 2 heures de contemplation avant de reprendre la barre pour jeter l’ancre dans l’embouchure de la Rivière Patuxent. Un environnement très achalandé côté plaisanciers. J’y compte pas moins d’une trentaine de marinas et des petits anses où s’ancrer de tous les côtés.
C’est Monsieur Météo qui me dicte laquelle choisir. Ce soir j’ai besoin de protection du vent qui va souffler du Nord-Ouest. Comme vous voyez, je ne suis pas seul face aux éléments; j’ai mes conseillers du Guide de croisière pour me dire où chercher refuge et ceux de NOAA pour me préciser mon besoin.
