Deuxième essai
La marée est basse à 12h30 à l’Ile aux Coudres. À 13h30 je suis prêt à partir pour descendre le Chenal du Nord une heure après. C’est un peu serré avec le léger vent du Nord-Est mais tout ce que nous pourrons prendre nous avancera vers notre destination. Surtout que tout à l’heure, les vents annoncés seront de face autour de 25 Knds pour les premières heures avant de tourner à l’Ouest et nous souffler par le travers, en baissant un peu.
En arrivant à l’extrémité sud de l’Ile, le vent passe effectivement au Sud et monte significativement comme prévu. Un ris dans la Grand’Voile puis enroulage partiel du génois suffisent à rendre mon barreur confortable. Le temps de sortir deux thés glacés de m’assoir et de prendre une première gorgée et la gite à déjà pris de l’ampleur. « On prends un deuxième ris, Jean-Guy? » « Oui mon Philippe! » Au sujet des ris, pour les non-initiés, la réponse est toujours dans la question.
Une autre demie-heure de bataille avec le vent et nous n’avons pas franchi trois miles en tout et partout avec nos retour pour prises de ris. Et il faudrait en prendre un troisième qui n’est pas là dans une voile de cette gtandeur. « On retourne au mouillage matelot? » « Oui mon Philippe! » Ce que j’aime de J-G c’est que ce n’est pas un gars obstineux. Ça adonne bien avec ma nouvelle résolution.
Nous faisons demi-tour sur le champ et retournons en moins de 15 minutes au mouillage. J’affale pendant que J-G mets le Honda en marche pour son deuxième test. Nous remontons à 3-4 Knds face à 25 Knds de vent avec maintenant des raffales qui semblent plus fortes encore. Nous changeons de rôles et mon matelot prend sa position sur l’étrave, gaffe en main pour attrapper le mouillage. Je l’y améne délicatement et au deuxième essai, il réussit à passer l’amarre dans l’anse du cablot attaché à la grosse bouée blanche.
Je le rejoins pour l’aider à finaliser l’amarrage et nous revenons tous les deux finir notre thé qui s’est renversé dans la cockpit. Au moment d’éteindre les instruments j’entends la Garde côtière de Québec qui annonce un avertissement météo sur le Canal 16. Passons au 83 pour les détails. Ils nous annoncent maintenant un Fort coup de vent dans la Chenal vers Québec avec des raffales à 40 Knds. Nous les croyons sur parole, nous en revenons justement. Il y aura une autre marrée montante à attrapper cette nuit vers 2h00 avec des vents légers et variables.
Troisième essai
Nous sommes maintenant rendu à jeudi après-midi parce que le vent n’est pas descendu comme prévu le nuit passée. On s’est donc offert deux marées au mouillage en compagnie d’un Bénéteau 43 à l’ancre derrière nous, qui lui, descend vers Tadoussac. En fait, nous avons plus de descendants que de remontants cette semaine puisque c’est le début des vacances. En matinée nous le regardons travailler pendant un bon moment pour déloger une chaîne d’ancre qui a dû s’enrouler autour d’un cailloux à la renverse car il n’arrivera à la remonter qu’après avoir essayé dans tous les sens. Petit divertissement matinal pour les observateurs; grosse corvée pour le couple de retraités sur le Bénéteau 43, un voilier très populaire ces années-ci, même chez nos voisins américains qui sont nombreux dans le Golfe cette année encore.
À 12h30, l’heure de la marée haute mon matelot commence à trépigner et propose d’y aller (même si nous ne sommes pas encore à l’heure de la renverse). Je lui fait remarquer que nous avons encore du courrant remontant pour au moins une heure… Puisque nous partons à moteur de toute façon pour la première demie de la journée, « Avançons nous, même à vitesse réduite puisque nous avons un bon petit moteur, propose-t-il avec son grand sourire irrésistible. » C’est à mon tour de ne pas m’obstiner pour si peu. Nous partons à notre vitesse de croisière, 5 Knds le moteur tourne rondemant et le paysage défile doucement, doucement.
Après une heure, nous réussissons à franchir le Phare du bout de l’Ile à 1,5 Knds puis petit à petit, nous prenons de la vitesse en franchissant la barre typique de l’étal avec son chargement de broue blanche et de petit morceaux de bois flottant en tout genre.
Pendant ce temps, en sens inverse, les transatlantiques font fi de vents et marées et descendent le Fleuve à une vitesse qui fait mousser la vague d’étrave.
Quelques heures plus tard, nous atteindrons la vitesse vertigineuse de 10,3 Knds toujours à moteur puis que le vent du Nord-est annoncé pour la fin de l’aprés-midi tarde à se pointer. Au total, nous franchirons la cinquantaine de miles qui nous conduit à la Marina de St-Laurent avec la moitié du chemin au dessus de 8 Knds. Sans oubler de saluer au passage la Bouée verte K 95 à qui j’avais donné un petit bec en descendant l’an passé à pareille date.
La jeune préposée au quayage nous accueille tout juste de quitter à 21h00. Nous sommes finalement arrivé à bon port après une randonnée de 8 heures au moteur Hors-bord qui continue à « faire la job » pour reprendre l’expression de mon ami Jean-Guy.
Le clocher de l’Église de St-Jean de l’Ile d’Orléans veille sur nous au passage avec sa pointe qui attrappe les derniers rayons du soleil couchant. Avant d’aller au dodo, je relis le commentaire de mon ami Pogo Bob qui nous a battu l’an passé dans la célèbre Régate Internationale de Vero Beach (en piscine) et je commence à me laisser tenter. Après tout, il a fait la « Grande Boucle » l’an passé avec son hors-bord et il tourne encore…
Bravo mon Philppe, non seulement ta prose est plus belle de jour en jour mais tu y joins des photos de quoi me rendre presque jaloux. Bon maintenant, du cote nave y encore des progrès à faire … Tiens bon capitaine ,;-)
JMD