Paroles de mousse

Hey, Hey, Surprise. Ce n’est pas votre Capitaine habituel qui a le plaisir de vous entretenir de nos péripéties de voyage. Le capitaine est de corvée ce matin et c’est moi le mousse-haillons qui prend plaisir à votre contact.

Dans l’adversité, nous avons vaincu et réussi à atteindre le mouillage de Trois-Rivières sur la rivière Saint-Maurice. Le Capitaine attendait que le vent se lève avant de partir et il a très bien réussi son coup. Vent franc devant, contre le courant le ti-moteur d’appoint a dû jouer du piston et de l’hélice pour nous mener à bon port. Sans compter que nous avons réussi à nous « en-alguer » en passant, par inadvertance, un bans d’algues. Le Saint-Laurent n’a parfois rien à envier à la mer des Sargasses. L’équipage d’un grand navire se précipite même pour observer notre combat pour avancemt péniblement
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Au tournant de la rivière, à la hauteur de Champlain, la rive nous offre un premier signal de notre approche de Trois-Rivières : la centrale nucléaire de Gentilly 2 maintenant à l’arrêt. Un peu plus loin, un autre signal plus olfactif nous indique notre approche de la ville. On est en approche, cela se sent. Papetières obligent.
Au delà de la lenteur du déplacement en raison des conditions adverses énoncées précédemment dans le texte, il s’agit d’un tronçon relativement sans histoire. Partis de Batiscan à 09h00, premier arrêt à la marina de Trois-Rivières pour faire le plein… et le vide. Les entrailles de Surprises sont allégées par cet arrêt. Re-départ pour un magnifique mouillage à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice. Philippe, le Capitaine du voilier voisin, sa femme Madeleine et son Petit-Prince (sur un air connu) viennent nous rejoindre à l’épaule pour partager des bouchées et une bière à la Sorelloise (en fait les Parisiens diraient un panaché) et il est à peine 17h00.Pour jeter l’ancre toutefois, privilégier la Rive-Gauche (encore un référence Parisienne) pour éviter une mésaventure comme celle que nous avons vécue: manquer d’eau et avoir trop de fond

Le mousse sait lire, oui, oui. Pas un intello, mais au moins un lettré. J’ai su reconnaitre en lisant les épisodes précédents des aventures du Capitaine Philippe, tout un bonhomme, ses efforts pour faire valoir son équipage et je voudrais faire également son éloge. Depuis maintenant vingt ans que nous voguons ensemble, Philippe a toujours été un capitaine soucieux du bonheur et du confort de ses équipages. Cette fois-ci rien de différent, un véritable plaisir de naviguer à son bord.

Après une première rencontre un peu rébarbative (installation de la chaise de moteur, branchement de l’alternateur aux batteries et autres plaisirs de propriétaire de bateau, Surprise a su me séduire. Une belle aire ouverte, un sain comportement en mer et un aménagement qui en fait un beau voilier très logeable. J’espère bien avoir la chance d’y revenir un jour.
Je remet le clavier aux mains du Capitaine afin qu’il vous informe et vous divertisse pour encore bien des années à venir. Arrividerci.

Mardi matin 06h45
Vroum Vroum (pas trop fort quand même) les autres marins dorment encore. Nous quittons le mouillage de Trois-Rivières en direction de Sorel et de sa célèbre Gibelotte de perchaude… pas de lotte. Petit-Prince est déjà parti.
Encore plusieurs Vroum Vroum plus tard, on passe sous le pont Laviolette et nous nous engageons sur le lac Saint-Pierre. Plan d’eau majestueux et vaste… aussi vaste que peu profond. Loin de la voie maritime peu de salut. Encore ce matin, tout est contre nous : vent debout et contre le courant, nous progressons vaillamment grâce aux 9.9 forces du petit moteur.
Une fois passé le Pont Laviolette, la capitaine nous prépare un café chaud qui est plus que bienvenu car le vent est frisquet. Plus loin c’est un sandwich aux tomates (celles-ci étant menacées de péremption) que le capitaine nous prépare. Je vous ai dit qu’il était soucieux du bien-être de son équipage.
Parlant de petit moteur, un appel de Petit-Prince à la Garde-Côtiere. Il est arrêté à l’ancre dans la voie maritime pour manque de motorisation. Lorsque nous le croisons près de la bouée S-77, il est entre bonnes mains et le vedette de la Garde-Côtière le remorquera jusqu’è son port d’attache. C’est définitivement pas l’année des moteurs en 2013.
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Contrecoeur à contre courant
Avant de repartir, il fallait bien sur arriver. Entrée dans le Chenail du Moine pour aller souper chez Beauchemin d’une gibelotte des Iles. On remonte le chenail et le petit rigolo de capitaine me dirige dans le Rigolet de la baie du Moine plutôt que dans le chenail principal. Pas grave, on s’échoue deux fois et ce, au même endroit. Sans conséquence puisqu’on s’en ressort par nos propres moyens. Mais fait encore plus inusité, le regard des locaux le confirme, il n’ont pas l’habitude de voire un voilier progresser dans la chenail… sous voile.
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Enfin arrivés. après une petite bière nous nous dirigeons vers le restaurant et encore une fois Surprise. Le popriétaire n’a pas payé ses taxes scolaires et le commerce est fermé. Philipe a toujours un plan B si ce n’est également un plan C. Quand même pas si mal : après 73 ans à tenir le phare être fermé pour non paiement de ses taxes. Entrée de sardines, plats de pâtes Classico et vino tinto pour faire descendre le tout
On dira ce qu’on voudra mais cela valait de détour. Un mouillage incomparable ou l’on doit s’incliner devant le calme et la sérénité du paysage. 
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Beaux dodos et à demain.

En repassant par Québec avec mon petit bateau.

Comme prévu, nous quittons la Marina de St-Laurent vers 6h30 avec un vent du Nord-Est plus assagi lui aussi, ce matin. Vent de dos avec un 10-15 Nds, c’est ce que nous pouvions avoir de mieux à nous offrir pour remonter le Fleuve de Québec à Portneuf, espérons-nous. Le temps est toujours couvert mais on peut voir le soleil faire briller les installations de la Davie sur la rive sud juste avant Lévis. Avec le courant de marée, nous atteignons rapidemant les 7 knds, ce qui nous porte vers le Port de Québec, notre premier contact avec la ville en venant de l’Est. 

Jean-Guy est frappé par le carractère industriel des installations si près du Château Frontenac. Vu d’ici. en effet, c’est une image qui ne correspond pas à celle plus idylique que nous nous faisons quand nous pensons à notre Vieille capitale. Mais c’est ça appréhender une ville connue, à partir de l’eau. À cause du point de vue fort différent, ça nous fait redécouvrir, même une ville que nous croyons très bien connaître sous un nouvel angle. Même chose pour l’entrès du Vieux port, puis les installations de la Garde côtière qui passent inaperçues quand nous sommes dans les rues de Québec.

Le vent va nous lâcher à peu près à cette hauteur mais nous poursuivons à moteur sur une belle marée portante et un soleil radieux qui nous réchauffe le corps et le coeur. Les deux marins emmitoufflés de 6h du matin se retrouvent en manches courtes au bras et aux jambes vers le milieu de l’avant-midi. Vers midi et demi, nous appelons la Marina de Portneuf pour réserver une place pour la nuit. J’espère y saluer en passant Jean et Daniel du Voilier SUBTIL qui y ont leur port d’attache et mon Mousse à décidé d’amener son Capitaine dîner dans le » grand monde » en ce beau samedi soir.

Je vois que SUBTIL est toujours là et j’en trouve rapidement l’explication quand je vois Jean en tête de mat en train de découvrir ce qui s’est passé hier quand au premier essai en mer avec enfin la pièce de moteur installée qui les retenait de débuter leur saison, le génois s’est soudainement affalé en route. Il trouve la pièce qui s’est dévissée progressivement dans la têtière de l’enrouleur et réassemble le tout avant de venir tous les deux nous offrir les petites bouchées préparées par Danièle à l’heure de l’apéro. Une belle tradition de fin d’après-midi où on fait le point sur nos dernières aventures mutuelles et nos prochains projets.
Entre le passé et le futur, ils nous racontent tous les deux, ce qu’à été leur ré-entrée l’automne dernier au retour d’une année sabatique de descente aux Bahamas avec SUBTIL. Danièle à réorienté sa pratique professionnelle et en est toute fière et heureuse pendant que Jean nous raconte les défis qu’il a rencontré avec un des groupes de Secondaire IV les plus difficiles qu’il n’avait connu dans sa carrière d’éducateur. Ce que j’aime de ce gars là, c’est qu’il nous raconte tout cela en mode défi à relever et non pas en mode critique de la société comme le font souvent les moins motivés.

Après les bonnes moules à volonté du Resto de la Marina; le resto chic du village et un bon dodo bien confortable nous sommes prêts pour affronter la remonté du Rapide Richelieu, demain matin vers 10h30, une heure et demie après la marée basse à Portneuf. Notre voisin de quai un habitué du Rapide qui se dirige vers Nicolet, suggère de partir un peu plutôt que la norme et profiter plus longtemps du montant même si nous devons affronter un léger courant descendant dans la première heure. Sa suggestion s’avère opportune en effet puisque nous abordons la remontée avec un Nord-Est de 15 knds environ qui nous pousse rapidement à 6 knds sur le fond en partant. Si ça tient comme cela, nous serons à Trois-Rivières pour coucher. 
IMG_20130729_073832Je suis bien content de faire de la voile enfin car je dois avouer que les vents sont bizarement irriguliers cette année. Ou bien il sont trop violents ou bien pas du tout. Ça fait 16 jours que je suis parti et je compte sur les doigts de la main les petits bouts de voile que nous avons fait ici et là. Nous n’avons pas eu une journée complète à la voile. Je me régale d’une denrée rare, aujourd’hui: un grand largue (l’allure favorite de Jean-Guy) qui nous porte vaillamment. Même avec un petit Génois à 100% et un ris dans la Grand’voile, nous réussissons à suivre le paquet qui a quitté la marina en même temps que nous ce matin.

IMG_20130729_073720Vers midi, le vent diminue légèrement; ce qui est contraire à la logique météo habituelle où le vent monte entre 10h00 et 14h00. Nous relachons le ris de la G’Voile pour maintenir 4-5 knds sur le fond grâce à la suggestion du Monsieur de Nicolet qui va nous permettre de nous rendre au milieu de l’après-midi dans un courant à peu près nul. Jusqu’à l’embouchure de la Rivière Batiscan où le vent tombe d’un coup sec, sans prévenir. Ça va nous donner l’occasion de découvrir ce joli ancrage forain en face de la petite Marina de Batiscan sur la rive opposée. Ça avait été une suggestion de Philippe sur PETIT PRINCE, un Tanzer 7,5 de Sorel, qui était venu nous jaser hier après-midi, intrigué par mon annexe (Un petit kayak jaune). Il voulait connaître mon expérience de cette option.
Quand je lui ai dit qu’elle m’avait ramené de la Floride derrière BRIGADOON, il a été de nouveau intrigué, mais pour d’autres raisons. Lui qui a fait le voyage avec un « Fift Wheel » la dernière fois qu’il a été en Floride, à équarquillé les yeux à la perspective d’y rertourner en tirant un petit kayak jaune. Les rêves des fous de la voile sont fait de ce genre de rencontres fortuites. On a pris l’apéro à l’épaule dans au mouillage à échanger rêves pour le future et cauchemards récents. Pour donner raison aux vieux marin de Québec qui s’informait de mes déboires sur les quais à Cap à l’Aigle et qui nous a offert son clin d’oeil en passant : « Qui prend la mer pour le plaisir éprouverait de grandes jouissances en enfer. »

IMG_20130729_093020Petit lundi matin blème à Batiscan, il est 9h00, mon mousse a choisi de retourner roupiller pendant que je vous raconte tout ça. Lui qui sort du lit à 7h00 tous les matins s’est laissé reglisser au pays des rêves en attendant que je commence mon branlebas de départ. Mis je ne suis pas pressé moi non plus car la destination aujourd’hui c’est Trois-Rivières à environ 30 Miles nautiques d’ici et le vent ne va lever que vers la fin de l’avant-midi. Je vais respecter son besoin de se refaire; il m’a bien accompagné à date et sera là aussi longtemps que j’aurai besoin de lui. C’est ça, Jean-Guy: un grand coeur et une disponibilité fiable sous une peau d’ours pas trop mal lèché.

 

Est-ce que le Capitaine Philippe s’est assagi?

C’est la question qui trotte dans la tête de mon ami Jean-Guy en attendant la marée basse de 17h00 qui nous permettra de reprendre la route vers l’Ouest. Pourquoi la question? Parce qu’il se rappelle de ma témérité de la fin des années 80 quand nous faisions de la voile ensemble dans les Bahamas puis les Iles Vierges. À l’époque où rien ne m’arrêtait et où je m’amusais à frôler les récifs et les têtes de corail. C’était l’âge de l’inconscience; j’avais 40 ans. Cet après-midi, il se pose la question sans savoir que j’en fais de même en écoutant le vent siffler dans les mats à la Marina de St-Laurent où nous nous sommes arrêtés hier soir, et les drapeaux battre au vent dans les raffales.

En sortant de la marina, on tourne à droite et le vent dans le dos c’est beaucoup plus facile à prendre, un Nordet. Non? Mais ça siffle sur le écoutes et ça brasse les drapeaux. On a certainement les 25 Knds promis par Environnement Canada ce matin mais j’espère que ça peut baisser en fin d’après-midi. J’étais plus porté à la bravade avec un bateau que je maîtrisais bien depuis quelques années, mais je dois avouer que cet après-midi, moi aussi je me demande si je me suis assez assagi avec ma nouvelle SURPRISE. 

IMG_0415Vers 13h00 nous voyons passer un téméraire avec un voilier de 35 pieds. Enfin, il n’en finit pas de passer car avec le vent arrière et le courrant devant, le voilier semble plutôt immobile. Il fait un petit bond en avant sur le dos de chaque vague qui le pousse et disparait derrière celle qui nous sépare de lui. Quand nous sommes parti faire l’épicerie, nous le voyons venir le long de l’ile, en face de St-Jean. À notre retour, il est rendu en face d’ici et il fait du sur place. Une autre façon d’attendre la renverse. Soit qu’il a autour de 40 ans ou qu’il n’a pas un Jean-Guy à bord pour lui dire: « Regarder le vent dans les arbres là-bas Je vais pendre la deuxième nuitée de marina à mon compte, Capitaine. »
IMG_20130726_181207Pour les voir bouger, cliquez sur le lien: https://picasaweb.google.com/115483347837819032733/Saguenay?authkey=Gv1sRgCM_1nvjR-bzsVw#5905078654695496226

À 15h00, le bulletin météo nous annonce des raffales à 40 knds, nous sommes de retour au niveau « Coup de vent fort », en anglais « Gale force winds ». Je peut confirmer à Jean-Guy, à Renée et à tous les autres qui me suivent de près que : « Oui, je me suis assagi! » « Gale force wind » est une expression qui me parle avec autorité. La première fois, c’était dans la Baie Chessapeake il y a deux ans en descendant BRIGADOON. Puis si vous vous souvenez, il y a deux jours à l’Ile aux Coudres, nous avons tout de même rebroussé chemin. En fait, c’est comme si ce gros paquet de vent qui est monté du Sud-Ouest il y a deux jours est allé faire une virée à Tadoussac puis nous revient avec la même violence du Nors-Est aujourd’hui.
IMG_0412De toute façon, à la Marina de St-Laurent, même le canard est en mode protection sous le tableau arrière du petit motorisé au quai en face. Et il fait des grands signes de la tête comme pour nous dire : « Ne partez pas! » Il n’en faut pas plus pour me convaincre tout à fait. Sérieusement, je me suis tout de même assagi, canard ou pas. Je n’ai plus besoin de me prouver que je sais faire et je n’ai plus l’énergie d’en faire plus qu’il n’en faut pour être heureux. La voile est un sport modulable selon nos besoins. Je connais même des propriétaires de bateaux qui sont heureux de regarder leur bateau à quai ou au mouillage. Je n’en suis pas encore là, mais je suis maintenant de la bande des moins de 30 Knds de vent au portant et encore un peu moins au près.
Demain matin, nous partirons vers 6h00, avec la marée montante du matin. Plus logique de partir à 6h du matin qu’à 6h du soir de toute façon. Ce Fort coup de vent se sera calmé et nous pourrons profiter du coup d’oeil en passant et faire de bonnes photos du Cap Diamant vu du large. Ce qui va, aussi nous remettre sur le cycle de jour. Le vent sera probablement nul ou à peu près au départ puis nous ferons avec ce qui viendra par la suite.
Buenna note tutti, ce soir on couche encore ici. Assagi, Jean-Guy.

Le Chenal du nord de l’Ile aux Coudres

Deuxième essai
La marée est basse à 12h30 à l’Ile aux Coudres. À 13h30 je suis prêt à partir pour descendre le Chenal du Nord une heure après. C’est un peu serré avec le léger vent du Nord-Est mais tout ce que nous pourrons prendre nous avancera vers notre destination. Surtout que tout à l’heure, les vents annoncés seront de face autour de 25 Knds pour les premières heures avant de tourner à l’Ouest et nous souffler par le travers, en baissant un peu.

IMG_0378En arrivant à l’extrémité sud de l’Ile, le vent passe effectivement au Sud et monte significativement comme prévu. Un ris dans la Grand’Voile puis enroulage partiel du génois suffisent à rendre mon barreur confortable. Le temps de sortir deux thés glacés de m’assoir et de prendre une première gorgée et la gite à déjà pris de l’ampleur. « On prends un deuxième ris, Jean-Guy? » « Oui mon Philippe! » Au sujet des ris, pour les non-initiés, la réponse est toujours dans la question.

Une autre demie-heure de bataille avec le vent et nous n’avons pas franchi trois miles en tout et partout avec nos retour pour prises de ris. Et il faudrait en prendre un troisième qui n’est pas là dans une voile de cette gtandeur. « On retourne au mouillage matelot? » « Oui mon Philippe! » Ce que j’aime de J-G c’est que ce n’est pas un gars obstineux. Ça adonne bien avec ma nouvelle résolution.

Nous faisons demi-tour sur le champ et retournons en moins de 15 minutes au mouillage. J’affale pendant que J-G mets le Honda en marche pour son deuxième test. Nous remontons à 3-4 Knds face à 25 Knds de vent avec maintenant des raffales qui semblent plus fortes encore. Nous changeons de rôles et mon matelot prend sa position sur l’étrave, gaffe en main pour attrapper le mouillage. Je l’y améne délicatement et au deuxième essai, il réussit à passer l’amarre dans l’anse du cablot attaché à la grosse bouée blanche.

Je le rejoins pour l’aider à finaliser l’amarrage et nous revenons tous les deux finir notre thé qui s’est renversé dans la cockpit. Au moment d’éteindre les instruments j’entends la Garde côtière de Québec qui annonce un avertissement météo sur le Canal 16. Passons au 83 pour les détails. Ils nous annoncent maintenant un Fort coup de vent dans la Chenal vers Québec avec des raffales à 40 Knds. Nous les croyons sur parole, nous en revenons justement. Il y aura une autre marrée montante à attrapper cette nuit vers 2h00 avec des vents légers et variables.

Troisième essai
Nous sommes maintenant rendu à jeudi après-midi parce que le vent n’est pas descendu comme prévu le nuit passée. On s’est donc offert deux marées au mouillage en compagnie d’un Bénéteau 43 à l’ancre derrière nous, qui lui, descend vers Tadoussac. En fait, nous avons plus de descendants que de remontants cette semaine puisque c’est le début des vacances. En matinée nous le regardons travailler pendant un bon moment pour déloger une chaîne d’ancre qui a dû s’enrouler autour d’un cailloux à la renverse car il n’arrivera à la remonter qu’après avoir essayé dans tous les sens. Petit divertissement matinal pour les observateurs; grosse corvée pour le couple de retraités sur le Bénéteau 43, un voilier très populaire ces années-ci, même chez nos voisins américains qui sont nombreux dans le Golfe cette année encore.

À 12h30, l’heure de la marée haute mon matelot commence à trépigner et propose d’y aller (même si nous ne sommes pas encore à l’heure de la renverse). Je lui fait remarquer que nous avons encore du courrant remontant pour au moins une heure… Puisque nous partons à moteur de toute façon pour la première demie de la journée, « Avançons nous, même à vitesse réduite puisque nous avons un bon petit moteur, propose-t-il avec son grand sourire irrésistible. » C’est à mon tour de ne pas m’obstiner pour si peu. Nous partons à notre vitesse de croisière, 5 Knds le moteur tourne rondemant et le paysage défile doucement, doucement.

IMG_0384Après une heure, nous réussissons à franchir le Phare du bout de l’Ile à 1,5 Knds puis petit à petit, nous prenons de la vitesse en franchissant la barre typique de l’étal avec son chargement de broue blanche et de petit morceaux de bois flottant en tout genre.
Pendant ce temps, en sens inverse, les transatlantiques font fi de vents et marées et descendent le Fleuve à une vitesse qui fait mousser la vague d’étrave.

IMG_0401Quelques heures plus tard, nous atteindrons la vitesse vertigineuse de 10,3 Knds toujours à moteur puis que le vent du Nord-est annoncé pour la fin de l’aprés-midi tarde à se pointer. Au total, nous franchirons la cinquantaine de miles qui nous conduit à la Marina de St-Laurent avec la moitié du chemin au dessus de 8 Knds. Sans oubler de saluer au passage la Bouée verte K 95 à qui j’avais donné un petit bec en descendant l’an passé à pareille date.

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La jeune préposée au quayage nous accueille tout juste de quitter à 21h00. Nous sommes finalement arrivé à bon port après une randonnée de 8 heures au moteur Hors-bord qui continue à « faire la job » pour reprendre l’expression de mon ami Jean-Guy. 

IMG_0403Le clocher de l’Église de St-Jean de l’Ile d’Orléans veille sur nous au passage avec sa pointe qui attrappe les derniers rayons du soleil couchant. Avant d’aller au dodo, je relis le commentaire de mon ami Pogo Bob qui nous a battu l’an passé dans la célèbre Régate Internationale de Vero Beach (en piscine) et je commence à me laisser tenter. Après tout, il a fait la « Grande Boucle » l’an passé avec son hors-bord et il tourne encore…

BRIGADOON à la rescousse… de SURPRISES

Quand Manon et Jean-Guy sont arrivés avec le moteur hors-bord de BRIGADOON et une chaise de moteur pour l’installer sur le tableau arrière de SURPRISES, j’ai vu le jour où je serais enfin libéré de la Marina et que je pourrais reprendre le large. Non pas que je m’y trouve inconfortable; c’est un endroit particulièrement charmant et accueillant que je ne manque jamais en passant. Mais là, je n’ai pas les moyens d’en prendre plus. Finalement J-G qui devait faire le voyage de retour avec moi arrive à point, après avoir payé son passage plus cher que prévu par ailleurs. En effet, c’est lui qui avec Denis, sont allés, dans la vague d’un dimanche après-midi du Chenal de Plaisance de Boucherville, démonter le moteur sur BRIGADOON au mouillage. Mes amis du Club naitique de Mézy savent de quel périple je parle.Heureusement que Denis était là avec ses filles pour essayer le nouveau dériveur de Julie. Sinon on ne serait pas si avancé sans son aide et l’accès à la chaloupe de l’École de voile.
Jean-Guy est un costeau qui n’a rien à son épreuve et qui réponds sur le champ quand on lui demande de l’aide. C’est surtout lui qui va aider à remettre le moral au beau fixe à bord avec son caractère impassible et « ici maintenant » ça va bien. Non?IMG_0352
Avec l’aide de Monsieur Mc Kenney un voileux de Québec, nous avons installé le montage et branché le fillage de recharge de batteries car c’est aussi cela que ce petit Honda 9.9 va nous fournir sur la route du retour. Steven de Honda-Malbaie est venu avec sa bonbonne de « push-push » magique dégager l’étrangleur qui était coincé à ne rien faire su mouillage depuis deux mois. Puis fidèle à lui même, le moteur s’est mis en marche du premier coup.
Bye Bye Cap à l’Aigle; Hello Montréal ! Moyennant queques escales en chemin, bien sûr. Mais c’était ça le plan initial, revenir à la voile et c’est ce nous allons faire. Je vais enfin avoir le plaisir de faire de la voile avec mon nouveau bateau pendant une semaine à 10 jours avec mon chum Jean-Guy à bord. Comme il y a 20 ans entre Tortola et St-Maartens. Quand J-G avait eu son baptême de « vol de nuit ».
IMG_0339Première escale avec la marée descentente de 12h30, notre vaillant petit Honda nous pousse par vent nul avec la même efficacité que l’autre qui dort sous nos pieds. Nous attrappons un des deux tangons de mouillage du QYC qui nous a été offert par un membre qui l’avait réservé pour la nuit mais qui finalement ne viendra pas nous y rejoindre ce soir. Je suis assez impressionné par le résultat de notre propulsion de fortune, que j’ai mis sur « pause » l’achat d’un nouveau moteur pour nous donner le temps d’y réfléchir plus à fond. Et surtut de profiter des suggestions des amis qui commencent à rentrer et qui élargissent le champ de possibilités de solutions plus abordables pour la réparation du vieux (le vieux moteur j’entends; pas le vieux capitaine). À la limite, ce qui s’avère à première vue un moyen de fortune pourrait même devenir une solution permanente… Food for thaughts.
IMG_0355En attendant, profitons des belles prises de vue du paysage marin du Chenal du Nord de l’Ile aux Coudres, vu à travers la lentille de Jean-Guy le photographe attitré du bateau cette semaine.

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