Manon fait sa marque

Vendredi soir à l’ancre dans un petit ruisseau juste à l’Ouest du pont pour terminer une journée des plus agréables et facile à manier au vent arrière tantôt sous Genois, et plus tard sous DRS et Grand’voile. Manon, ma barreuse invitée pour la prochaine semaine s’en donne à coeur joie avec les empannages contrôlés et les virement de bord au vent arrière sans ambages. Je suis heureux de l’avoir à bord pour la prochaine semaine et ravi de la voir s’y débrouiller sous les différentes amures.Manon est capable des meilleures aventures et des histoires les plus amusantes. Rapellez-vous le barracuda dans les Bahamas. Sa seule crainte en embarquant c’est le mal de mer qu’elle est prête à affronter bravement et chaudière en main.

Nous avons quitté la Charleston Harbour Marina & Resort tôt ce matin par un bon vent arrière déjà bine établi autour de 15 Moeuds. C’est parfait pour contourner le cap de la ville de Charleston sous le vent puis ensuite enfiler le canal de l’autre côté pour nous mener toute la journée de rivière en rivière avec un canal par ci par là pour passer d’une à l’autre. Toujours en direction générale sud ouest par un parcours sinueux et pittoresque. Plus agréable qu’une descente sur la côte qui devient plus monotone à la longue comparativement à tout ce qu’il y a à voir de différent d’un mile à l’autre par la voie intérieure. Puis la facilité de naviguer en eaux protégées qui fait que même par vent moyenne ment fort comme aujourd’hui, il n’y a pas de vagues, donc pas de risque de mal de mer pour mon équipière. En effet, elle m’avoue au milieu de la journée qu’elle est agréablement surprise de ne ressentir aucun signe de nausée et flotte dans le plaisir total.

En cours de route, mon ami Landon que nous avions laissé derrière au pont levis en entrant dans la première rivière nous rejoint. Quand le vent à baissé légèrement en mi-journée il est passé en mode voile assistée et nous a finalement dépassé lorsque sous DRS nous ne faisions pas 4 Nods. Il est pressé de se rendre à Bruinswick en Georgie, rejoindre les descendeurs américains dont quelques-uns de ses amis qui célèbrent en groupe leur fameuse Thanksgiving vendredi prochain. C’est la fête la plus importante de l’année et personne ne veut manquer ça pour aucune considération. Je me souviens quand nous vivions en Italie, les américains qui travaillaient pour les Nations-Unies prenaient congé ce jour-là et faisaient comme ça la fête ensemble. Nous étions toujours invités chez l’un ou chez l’autre à nous joindre à une célébration qu’ils vivaient avec une plus grande intensité que nous n’arrivions pas à ressentir. Je crois que nous allons manquer ça cette année car nous ne serons pas à Bruinswick ce soir là.

Plutôt à Jacksonville selon notre plan puisque Manon prendra son vol de retour le lendemain matin tôt.

Et dès la fin de la première journée, nous savons qu’elle restera marquée par son séjour à bord. En effet, elle a tenu la barre du bateau une bonne partie de la journée car j’aime bien laisser barrer mes invités autant que possible. Après tout, c’est pour ça qu’il sont là, pour faire voguer un bateau pas juste pour faire la croisière en passager. Et Manon est une bonne barreuse, je la regarde du coin de l’oeil, bien faire ses manoeuvres, incluant des empannages des deux voiles car on a passé une bonne partie de l’après-midi en ciseaux, c.à.d. une voile de chaque côté par vent arrière. Avec le travail constant de devoir changer le tout de bord à chaque fois que la rivière tourne d’un côté ou de l’autre. Très divertissant et pas difficile par vent très léger comme aujourd’hui. Tout de même, ça garde la barreuse vigilante et pourtant…

Je suis à l’avant près du mat à scruter l’ouverture d’un canal que nous devons prendre sur la rive droite un petit peu plus loin quand j’entends encore une fois le mouvement de la voile qui change d’amure et entraîne la baume de part et d’autre du cockpit dans un mouvement sans violence mais tout de même entraînant. Et avant que je me sois retourné pour voir Manon réapparaître de l’autre côté, j’entends le boum sourd caractéristique de la baume qui a frappé en passant. Je vois Manon qui se laisse tomber assise mais sans lâcher la barre et qui porte sa main gauche au visage. Je viens verre elle et je vois des goutes rouges dans le fond du cockpit entre ses pieds. J’attrape une poignée de kleenex que je lui tend en lui demandant comme elle se sent. Elle me répond en plaçant la compresse sur son front que ça va aller. Ses lunettes ne sont pas brisées ce qui me rassure que ses yeux ne sont pas touchés ni non plus le bas de son visage. Je lui demande de me laisser la barre et de me montrer la plaie. Elle découvre une ligne rouge verticale d’environ 3 cm de haut en plein milieu de la hauteur du front au dessus de son arcade sourcilière gauche.

Ça ne saigne pas abondamment; ça me parraît plus un enfoncement de la peau plutôt qu’une déchirure. Il y a une coupure certaine mais « franche » si je peux m’exprimer ainsi. C’est l’arrête courbée du bout de la baume qui l’a frappée en plein front. Je descend les voiles et laisse dériver le bateau pour le moment pendant que je sors la trousse de premiers soins qui est bien garnie. Une compresse iodée puis une seconde en tissus pour faire coussinet puis un gros diachylon large et la voilà équipée en boxeur qui s’en ai bine tiré malgré tout. Pas de bosse, pas d’enflure, pas de mal de tête, pas de nausée pas de sensation de sommeil. Tous les bons signes qui nous disent que ça doit être au niveau externe seulement que le choc s’est fait sentir. Mais tout de même, quelle expérience pour clore une première journée de voile au paradis.

À l’ancre une demie-heure plus tard, nous passons en revue une seconde fois ses signes vitaux et sensation qui nous disent que ça ne sera pas plus grave et ne demandera pas d’autre intervention pour le moment. Elle a même insisté pour préparer le dîner pour notre première soirée à l’ancre dans Fisherman Creek, un de ces ruisseaux caractéristiques qui se faufile dans les marais. Nous sommes dans le secteur d’Edisto Island qui fait partie de la grande réserve faunique et marine de St Elena Sound à peu près à mi-chemin entre Charleston et Savanah.

À ce sujet, j’entendais ce matin un avertissement aux navires commerciaux qui passent au large du Sound qu’à compter du 1 novembre ils doivent réduire leur vitesse à moins 10 Noeuds pour permettre aux baleines qui seront ici à ce moment-là d’éviter de se faire frapper.

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