Samedi soir, on fête ça!

Je m’étais aligné sur une petite anse à tribord à environ 35 nautiques plus loin. Dans le milieu de nulle part en Caroline du Sud. Puis, en y entrant, je me rends compte qu’il y a un quai publique ou quelque chose du genre, juste là sur babord. Puis, la petite anse est plus grande que je l’avais imaginée et surtout très passante de bateaux de pêche. Car, aujourd’hui, c’est ce qui m’a frappé, tout le monde pêche ici. Est-ce que c’est parce qu’on est samedi ou parce que le poisson mords de façon plus enthousiaste qu’ailleurs.

Toujours est-il que ceux qui le pêchent le vendent au bar-resto où je suis amarré et où j’en ai dégusté ce soir pour dîner. C’est un endroit plein de locaux; il n’est pas dans le Guide de Skipper Bob. Heureusement. Tout ce que je peux dire c’est que je me suis arrêté en milieu de la dégustation d’une des dernières pétoncles. En fait, je me suis arrêté après deux bouchées sur cette dernière pétoncle, complètement « full ».

Là je vous ai fait un petit résumé de la journée qui s’est passée au moteur d’un bout à l’autre de 7h30 ce matin à 16h30 cet après-midi pour un total de 40 Nautiques tout de même parce que j’ai eu la marrée qui m’a aidé au début de la journée. J’ai dépassé Cape Fear et je suis bien penard au quai du Inlet View Restaurant and Bar qui m’offre le quai gratuit pour la nuit. Et le WiFi si je réussi à me connecter,

J’espère car j’ai de bonnes photos pour compenser mon manque d’histoire à raconter… pour une fois.

Incluant les belles locales qui m’ont demandé de prendre leur photo en sortant du restaurant lorsqu’elles m’ont découvert assis sur ma buche dans le stationnement où la connexion était à son meilleur pour télécharger les photos.

Puis la deuxième qui sort sa caméra, puis l’autre, alors, j’ai sorti la mienne…

PS: Pour vous situer si Cape Fear ne vous fait pas peur parce que vous n’avez aucine idée où ça se trouve sur la Côte atlantique, je suis ce soir, à environ 70 Km au nord de Myrtle Beach en Caroline du Sud,

PPS: Faut dire qu’en passant par la route secondaire, comme je le fais, je me suis retrouvé en Caroline du Sud sans trop m’en rendre compte car je n,avais pas Pedro pour me prévenir quand je passerais « South of the Border ».

 

 

 

 

 

Wrightsville Beach

J’y suis, au mouillage au centre-ville, un peu en retrait vers le Nord. J’y suis entré à 15h30, après une belle journée à voile, au près, par vent de 15 à 20 Noeuds mais dans un plan d’eau tout à fait protégé que présente un de ces lagons qui constituent l’ICW et qui a débuté à 7h30 ce matin. Le seul risque, c’est de sortir du chenal par inadvertance et vous planter dans le mou (ce qu’on y a rejeté quand on a dragué) à l’occasion; ce que j’ai fait deux ou trois fois aujourd’hui. Pas de problème pour un petit bateau comme le mien. Je n’ai qu’à lâcher les voiles, mettre le moteur et ressortir par là où je suis entré. Pour les plus gros, comme le propriétaire d’un voilier de 40 pieds que j’entendais appeler de l’aide cet après-midi. Il y a « Sea Tow » un service de remorquage qui a des unités ici et là tout au long de l’ICW. En fait, l’ontarien que j’ai rencontré un peu plus haut m’avait expliqué qu’il avait pris un genre de police d’assurance avec eux. Pour un montant forfaitaire, ils vont venir cous tirer d’embarras aussi souvent que vous en aurez besoin.

Alors, je disais que vous avez intérêt à mouiller votre ancre assez tôt si vous voulez profiter du coucher de soleil sur l’eau. Le mouillage ici est bien protégé pour cette nuit qui j’espère sera moins agitée qu’hier soir. Il vantait tellement que le gars derrière moi a chassé au point que le cruiser derrière lui a klaxonné en plein milieu de la nuit pour un petit peu de trouble et en sauver de plus grands pour moi aussi car ça m’a permis d’entendre un bruit de raggage de corde d’ancre dans un chaumar un peu amoché depuis mon avarie dans l’Écluse #5.

J’y suis allé constater à 2h00 du matin par un fort vent du Nord-Est dans l’ancrage que la corde d’ancre était à moitié coupée par frottement. Je l’ai repositionnée pour qu’elle finisse la nuit sans plus de dommage. Il y a des nuits comme celle-là où votre heure n’est pas venue.

Et ce soir, je voulais vous parler d’une autre occasion où mon heure n’était pas venue. Ça s’est passé juste quelques miles plus haut lors de la première descente sur Maïté avec Jacques (souvenez-vous, les « petites figues ») Nous étions bien naïf et bien enthousiastes. Peu conscients de ce dans quoi nous nous étions embarqués. Nous avions la fougue de la jeunesse et la candeur qui va avec. Un peu nonos, j’entends.

Nous entant libérés du canal intérieur qui nous avait vu nous planter dans les hauts-fonds à je ne sais plus combien de reprises dans le parcours intérieur du Cap Hateras, nous étions sortis directement en mer à la première occasion à Beaufot/Morehead City; libre enfin, sans nous soucier si nous avions le courage de faire un traversée de nuit jusqu’à une « Inlet » sécuritaire une centaine de miles plus bas. En fait, nous n’avions aucune idée de la différence entre une Inlet sécuritaire et une dite «  Local knowledge ». C’est ainsi qu’au milieu de l’après-midi, nous avions choisi de rentrer dans Top Sail Inlet.

Digression: Hier, aux heures, la section locale de la Garde côtière lançait un avertissement d’un danger à tenir compte, justement dans Top Sail Inlet: un bateau renversé et échoué.

Nous ne nous sommes pas rendus jusque là, à l’époque, mais tout proche. Sur la carte, ça disait que les bouées d’entrée étaient relocaliseées selon le déplacement des hauts fonds avec la météo récente. Bon, les rouges en rentrant, ça ne pouvait pas être si compliqué. Je me souviens qu’une difficulté non prévue c’était les brisants qui venait provoquer de gros rouleaux dans l’Entrée. Mais bon, les rouges à droite, on y va Jacques. Moi à la barre et Jacques au repérage des bouées nous nous lançons à la conquête de Top Sail Inlet. Au début, çà allait un peu « rock & roll » dans les brisants mais bon. Puis ensuite, quand le fond est devenu très peu profond, je ne sais pas ce qui s’est vraiment passé mais nous avons dû en manquer une de ces rouges ou de ces vertes. Toujours est-il que je me suis retrouvé projeté dans le balcon arrière par un coup de barre violent provoqué par le fait que le safran avait touché le fond dans un rouleau qui nous avait projeté hors du chenal.

À partir de là, je vais résumer en disant tout simplement que nous avons profité de la « chance des débutants » pour nous en sortir à moteur parce que ça a été un moment de haute intensité dramatique où j’ai craint de voir se terminer de façon très bête, mon « rêve de Bora Bora » Mais non, nous nous en sommes sortis Maïté et moi avec dans son cas une mèche de safran tordue. Ce qui a été réparé dans un des chantiers navals de l’Intercostal devant lesquels je suis passé ce matin. Quant à moi, j’avais pris un coup dans les côtes qui m’avait cassé la première du côté droit et un refroidissement dans mon ensemble jogging mouillé jusqu’aux os qui a dégénéré en pneumonie dans le froid des escales qui ont suivies, au point que mon bon vieux Ed qui m’avait rejoint à Miami deux semaines plus tard, avait eu comme premier réflexe, en me voyant la mine, de m’amener à l’urgence

Digression No 2: Je me souviens de ce passage à l’urgence d’un Hôpital publique de Miami sans aucune assurance maladie que ce soit. Quand on est jeune, ça ne nous vient pas à l’esprit ces choses-là. Et l’urgentologue qui m’avait vu, diagnostiqué et prescrit des antibiotiques, avait tout simplement dit: Portez-vous bien monsieur Pelletier. En me remettant mon ordonnance.

Mais si je reviens en arrière, juste après notre sortie miraculeuse de Top Sail Inlet, c’est ici à Wrightsville Beach que nous étions entrés finalement dans une Inlet bien balisée et nous avions tourné immédiatement à droite en entrant au quai de la Garde Côtière qui nous avait bien accueilli et accepté de nous aider à identifier le chantier naval qui allait nous réparer le tout le lendemain même.

Vous comprendrez qu’en partant de Beaufort avant hier, la question ne se posait pas. Je prenais la route de petits. Et je suis rentré sain et sauf cet après-midi à Wrightsville Beach par la porte d’en arrière et suis venu tout sécuritairement jeter mon ancre avec une douzaine de descendeurs qui comme moi, sont venus par la route de ponts levis et des ponts tournants.

En sortant, ce matin, j’ai pris une photo de la base de la Garde côtière avant de tourner à droite vers le chenal plutôt qu’à gauche vers la mer. Une décision facile puisque l’entrée suivante, c’est Cape Fear et comme son nom l’indique, les hauts-fonds qui avancent en mer devant sont tout à fait épeurant. Pour quiconque commence à comprendre la notion de couleurs de plus en plus foncées sur les cartes marines. Les petits chiffres qui indiquent la profondeur sont très éloquents aussi. Ça ne me gène pas de me planter dans l’intercostal en sortant légèrement du chenal mais je ne voudrait pas me planter au large comme c’est probablement facile de le faire à Cape Fear.

Un petit down

Ah! mais j’ai eu un down aujourd’hui. C’est la première fois du voyage que je dois admettre que j’ai trouvé le temps long. Rien à voir avec la température, qui était pour sa part idéale. Le vent du Nord-Ouest n’atteignait pas 10 Nds mais puisqu’à partir d’ici et pour une centaine de miles, la côte ne descend pas vraiment vers le Sud mais si vous regardez bien, plutôt vers l’Ouest-Sud-Ouest, la combinaison était encore gagnante. Au près entre bon plein d’abord puis serré ensuite vers le début de l’après-midi au point o​​u j’ai dû y prêter main forte avec mon Yamaha 9,9. Puis terminer dans la Mile Hammock Bay à 17h30 au moteur pour les dernières deux heures. Un ancrage ideal dans un bassin qui a été dragué pas la Marine américaine qui gère le Camps Lejeune, un champ d’entraînement au tir au canon. Vois le,affiche que j,ai photograĥiée qui recommande de s »arrêter si les feux jaunes clignotent car cela signifie que l’on fait des exercices de toit au-dessus du canal. Une belle journée de voile encore aujourd’hui en définitive et une bonne moyenne de distance avec 45 miles Nautiques. Non, ça n’avait rien à voir avec le bateau qui est mon fidèle compagnon. Puis le paysage n’était pas trop mal non plus, voyez les photos. Incluant celles de mes pêcheurs favoris dans le coin, les pélicans. Je leur trouve un port très haletier malgré leur manque d’élégance pathétique. Il ont plutôt l’air préhistoriques. Et probablement à cause de leur grande compétence de plongeurs. Je n’ai jamais vu un pélican remonter bredouille d’une plongée. Ça se termine toujours par le coup de tête caractéristique qui fait passer le poisson de la poche sous le bec, directement dans l’estomac.

Mais je n’étais pas là. Pas à profiter de chaque minute du moment comme d’habitude. Je me demande si ce n’est pas dû au fait que j’avais identifié Beaufort/Morehead City comme une destination si marquante que le fait de l’avoir atteinte marquait comme une fin en soi et que ce matin, j’avais comme l’impression de recommencer à zéro.

Pourtant,le Bogue Sound que l’on rallie après quelques petits détours pour passer de Beaufort à Morehead City n’a rien à voir avec le St-Laurent passé Varennes. Il est aussi parsemé de maisons cossues mais celles-ci sont construite sur pilotis trois étages plus haut. Je vous en ai prises quelques unes en photo pour la comparaison.

Non, je crois que c’est plutôt dû au fait que je suis tombé sur une « talle de québécois » hier soir à Beaufort. Surtout l’équipage de « R New Gall » un Bénéteau 36 que Christian, un Saguenéen voisin de mouillage de Walter au Lac Champlain descend à Tortola pour la première fois. Avec Bruno, à bord, un sacré numéro, urgentologue à ses heures à l’hopital du Haut-Richelieu et un deuxième Christian, briqueteur, celui-là (je mentionne les professions juste pour souligner que la passion de la voile réunit ceux-là qui autrement ne risquaient pas de se croiser) qui n’avait pas encore défait son paqueton (il descendait de l’avion de Montréal) et était en train de s’amariner à la Coors Light au bar des quais publiques. Le trio attendait le passage de la météo avant d’entreprendre, samedi, la descente directement vers Tortola dans Les Ïles vierges Britaniques. La route des « grands » pour eux. Puisque j’y ai déjà passé un bon moment il y a quelques années, ça nous a fait un sujet de conversation plaisant pour moi et instructif pour les trois autres. Je leur ai particulièrement recommandé le Baie Sappodilla, juste au bout de la piste de l’aéroport et son « Loose Mangoose », un « Beach Bar » des iles comme il n’y en a pas deux que je connaisse. Faut dire que le « Loose Mangoose » m’a vu vivre des moments qui ont changé le cours de ma vie l’année que la chute du mur de Berlin, ce qui a un effet semblable sur des millions d’allemands des deux côtés.

C’est l’année où une jeune québécoise avec qui j’avais eu tellement de plaisir au cours des deux dernières années, à travailler à changer la vie professionnelle d’une douzaine de travailleurs de la GE Canada à Lachine, puis de Air Alliamce où elle travaillait en Ressources hunaines, venait rejoindre un barbu à bord d’un bateau bleu et blanc dont elle avait oublié le nom sans but plus précis que pour le plaisir des yeux. Quand, toute fière d’elle en débarquant de l’avion, à Tortola, elle avait demandé au chauffeur de taxi de la reconduire à la marina, celui-ci lui avait demandé: « Laquelle, madame, il y en a onze, tout autour de l’Île ? » Puisqu’elle n’avait pas de réponse à cette question ni non plus le nom du voilier du « bonhomme barbu avec des lunettes sur un voilier bleu et blanc », elle avait fait un long tour de taxi à demander ici et là jusqu’à bout de souffle, elle avait pris une chambre à l’hôtel, un Sundowner et un appel à Marius qui avait toutes les réponses à toutes les questions. Incluant Sapodilla Bay puisque c’était de là que j’avais reconduit ses deux chums,Jean-Guy et Gilles le matin même après leur semaine de voile avec moi à bord de Maïté.

Nous nous étions manqués de peu à l’aéroport où je pouvais me rendre à pieds à partir de mon ancrage devant le Loose Mangoose. C’est ainsi que finalement, nous nous sommes retrouvés, Michèle et moi, sur cette plage des Iles Vierges Britanniques, après un périple digne d’un film à la Indiana Johnes qui a changé le cours de la vie de deux personnes qui ne s’y attendaient pas. Mais pas du tout et surtout pas à ce point-là. Au point où un an et demi plus tard, nous nous épousions à la mairie de St-Barth, quelques îles plus loin. E c’wst Marius qui était on témoin.

Mais pourquoi je vous parle de ça, là, maintenant? Ah! Oui, le Loose Mangoose…