Comme dans: « Tu m’en as fait voir de toutes les couleurs, mon petit vlimeux. »
Petit matin où le soleil tarde à se montrer. Inutile d’attendre pour me lever qu’il ait pris assez de hauteur pour réchauffer l’habitacle comme je l’ai fait dernièrement. J’écoute une petite pluie tomber doucement sur le roof. Au son, c’est clair que ce n’est que l’humidité de l’aube qui se condense et tombe doucement pendant quelques minutes. Ça ne va pas durer. Je profite du fait que le pont n’ouvre pas à 9h00 pour aller chercher un bloc de glace à la station service la plus proche. Mon gars du Vermont qui était amarré au muret derrière moi est tout fin prêt à partir et se demande pourquoi il n’ouvre pas à l’heure comme hier, ce pont. Je lui fait penser que c’est peut-être pour donner une chance à tous ces gens qui passent dessus pour se rendre au boulot le matin. Nous avons perdu la notion de l’heure de pointe, ceux qui passons dessous plutôt que dessus. Il est bine d,accord que nous devons leur donner la priorité. Après tout, ce sont eux qui payent encore des taxes pour continuer à entretenir ces infrastructures dont nous profitons maintenant.
10h00 C’est parti à moteur pour la première heure dans le canal qui se poursuit droit comme une flèche. La vie douce à 5,5 Noeuds à prendre mon petit déjeuner pendant que P.A.tient le cap. Le moteur, c’est son domaine de prédilection. Une petite retouche par ci par là et il s’occupe du reste. La garde côtière commence à diffuser un avertissement de gros temps à périodes régulières sur le Canal 22 avec notice préalable au 16. C,est dire que ce que j,avais remarqué sur le site de PassageWeather hier se confirme. Il va venter fort « Gale force » ancore une fois. Mais cette fois, je peux y aller car une bonne partie se fera dans le ruisseau dans lequel débouche le canal puis dans une longue baie assez étroite puis le lagon et ensuite une autre baie protégée puis un canal de nouveau jusqu’à ma prochaine étape, la Midway Marina, Restaurant & Motel. Comme son nom l’indique à mi chemin du canal qui relie les deux lagons: le Currituck Sound au Nord et le plus grand A.lbermarle Sound, au Sud. L’endroit ideal pour laisser passer un Coup de Vent Fort. D’ici là, je naviguerai au largue (vent de travers) sauf pour un 3 miles au milieu du Curriticuk qui est traversé par un canal dragué tout droit avec des virages à 15° vers l’Est et 30° vers l’Ouest.
11h00 J’ai passé le dernier pont et je suis maintenant dans la partie ou le canal relaxe un peu,perd de sa droite rigueur et adopte le profil du ruisseau. Le vent n,est pas encore très fort; je hisse mon Génois #3 pour les allures portantes et la Grand’voile. Tout va bine je suis de nouveau à voile. Je prends la barre et je maintien ma moyenne, James, 50/50. Deux croiseurs me dépassent et vont me guider pour un bon moment dans la rivière qui débouche dans le lagon.
12h00 Il vente fort comme prévu et le bateau va bien et bien vite aussi. Mon temps estimé d’arrivé à la marina est 15h00. C’est bon. Je serai prêt pour à cette heure-là. À mesure que je rentre dans le lagon et que le fetch (distance à la terre la plus proche) allonge, je suis en eaux moins protégée et la vague commence à monter. Elle m’arrive par le travers sans trop éclater en embruns par contre. De toute façon, j’ai prévu le coup et je suis revêtu de on ensemble « gros temps » et de ma ceinture de flottaison. Si je dois sortir du cockpit, je m’attacherai. Je dois barrer car cette allure par ce temps décourage P.A. qui ne sait plus où donner de la tête et contre barre dans toutes les directions.
13h00 J’approche de l’endroit où ça tourne vers l’Est et là je serai trop voilé. J’ai déjà pris un ris dans la Grand’voile mais là, je dois affaler. Je profite du fait que ls deux voiliers plus grands qui me rattrappent depis un moment, arrivent presqu’à ma hauteur pour y aller. Le capitaine du plus près de moi à senti le message et se rapproche derrière moi comme pour me dire: « Vas-y bonhomme, je suis là au cas où. » En fait c’est ce que j,aime dire en attrapant la main courante la hauban puis la mât à bras de corps pendant que P.A. Fait de son mieux pour me garder dans le chenal. Je l,ai pointé de 30 degrés au vent, ça l’aide un peu. Rapidement j’affale et sécurise la drisse puis je reviens prudemment dans la cockpit. Ça y est. Plus qu’à remettre le cap plus stable sous genois seul pour P.A. pendant que rentre l’écoute complètement à contre pour ramener la bôme au centre et me faciliter la manoeuvre de ramassage de la voile sur la bôme pour l’attacher solidement afin qu’elle cesse de battre sous le vent.
Je fais un signe de reconnaissance au capitaine du voilier de garde et il reprend sa route en me faisant un grand salut de la main. A partenaire qui suit de près dans l’autre voilier en convoyage me salue aussi au passage et ils vont me montrer la route à suivre tous marqueurs verts laissés sur babord.
14h00 Je borde le génois et on y va pour le « petit moment à passer » au petit largue. Je ne sais pas si j,utilise des expressions avec le mot petit pour minimiser la situation mais je peux vous dire que lorsque j’ai vu les deux voiliers, là bas, environ un mile devant moi, virer vers l’Ouest, je me suis dit: « Lâche pas mon Philippe, ça achève. ». Effectivement après se virage, qui m’amène au grand largue, maintenant, tout redevient en douceur et en roulement allongés sur la vague avec des surfs à 8 Knds.
Je vois l’entrée du canal là-bas en me rendant compte soudainement que le soileil est revenu et que le temps s’adoucit. Je rabaisse le capuchon de mon ciré.
15h15 Voiles affalées, je m’approche du quai de la Miway et réponds au barbu sur le quai que je n’ai pas besoin d’essence mais d’un quai pour la nuit (et d’une douche au plus tôt). Il m’indique sans plus de formalité le premier bassin où il y a déjà deux voiliers et deux motorisés d’amarrés. Le gars du motorisé au fond, celui qui m’avait dépassé ce matin dans la rivière, vient attraper mes mon amarre avant après s’être rendu compte de mon gros accent francophone. Il me parle fièrement en français avec son gros accent anglophone. C’est un monsieur Camberland, du Connecticut qui a appris le français lors de ses voyages en France et qui est tout fier de pouvoir l’utiliser.
Je mets de l’ordre sur le voilier et range tout. On ne croirait pas que je sors d’un Force 6 tellement tout est à l’ordre sur le pont. Faut dire qu’il n’y pas grand chose qui traîne sur ce pont..ceau. Puis aux douches!!!
Là je me retrouve dans la file de la toilette des hommes où est la douche. Il y a aussi une toilette des femmes avec douche mais il y a file là aussi. En fait, les épouses ds gars devant moi, plus ou moins. Salutations d’usage et échanges et d’impressions de la journée « Out there ». le gars devant moi, un grand américain de Plymouth, Mass en a vu d’autres. Il a déjà participé à une course au large dans la série RORC et arbore fièrement un superbe ciré jaune flash nouvelle mode chic et de bon goût. Ça va être long, nous allons avoir le tempos de faire plus ample connaissance.
C,est là que le barbu qui vient chercher ses steaks qui rôtissaient sur la grille à côté remarque notre situation et après avoir rangé ses steaks, me confie la clé du Motel #2 et nous propose d’y aller prendre notre douche en ces termes : « You go up and take your shower up there. ». Skip, mon gars du Mass qui était devant moi dans la file comprend le « you » à la deuxième personne du pluriel et me rejoint là-haut au moment où je tourne la pognée de la porte. Nous allons faire plus amples connaissance en effet. En gars bien élevé, je lui propose d’y aller en premier puisqu’il était devant moi dans la file. Sur quoi il me répond sans hésitation. Ça ne me gêne pas que tu te fasses la barbe pendant que je suis dans la douche. Il a remarqué que j’avais une barbe d’une semaine comme lui. On a donc alterné douche barbe chacun à son tour.
Et, c’est ainsi que je me suis retrouvé tout nu dans la chambre #2 du Motel Midway, en Virginie, avec un grand 6 pieds de Plymouth, Mass, prénommé Skip.
NB J’avais ma caméra mais j’ai pas pris de photo.(sic)
PS Quand même! Quand je vous promettait : « De toutes les couleurs… »
HA HA HA!!! Je t’imagine la binette dans le miroir, ho oui! t’amusant à l’avance de la bonne histoire que tu en retirerais à nous raconter up here, à 5 degrés descendant doucement vers le -25… Quelle journée de voile! J’aurais aimé ça y être, avec P-A qui en a eu pour son louvoiement… et p’pa aussi, hmm?
P.-S Quand je lis «surf à 8 noeufs» j’ai envie de te confisquer ton p’tit bateau.
C’est pas des menteries, Loulou,
C’est pas tous les jours non plus. hier, je n’ai pas réussi à franchir le mur du 7,8 au surf. Je profite d’une période de Nord-Nord-Est de 10 à 15 Nds.
Et bien le solitaire ne le sera plus pour une journée puisque tout le monde reste à quai. Comme tu me l’as souvent dit, il arrive toujours des situations amusantes et inattendues… il était bien généreux le marin… me semble de te voir avec le colosse… HI! HI! HI!