Ivy Lee, c’est dans les Miles-Iles, à la porte du Lac Ontario. Je crois que lorsque j’ai laissé la première balise de la voie maritime sur bâbord, c’était la première fois que Brigadoon virait de ce côté. Habitué qu’il était de partir vers l’ouest et le Lac Ontario. Il a dû rapidement comprendre qu’il avait changé de main.
La première journée s’est (bien) passée au moteur qui va faire la joie des détracteurs de mon ex 2HP et bien me plaire aussi puisqu’il ne consomme pas plus à la même vitesse. En tout cas, il m’a amené sans trop de bruit jusqu’à un bel ancrage tout de suite à droite après avoir passé sous le pont international juste à l’est de Prescott. Le coucher de soleil à travers les piliers du pont et le calme de cet ancrage forain m’ont enchanté tout comme le confort de mon nouveau partenaire d’aventure.
Le lendemain, petite journée de voile au portant jusqu’à la Marina de Chrysler Park où j’avais donné rendez-vous à Jean-Louis pour m’accompagner jusqu’à Boucherville. J’ai même passé l’écluse d’Iroquois sans mousse à bord, à l’épaule d’un voilier un peu plus gros. Les éclusiers ont pris leur 25$ sans rechigner. D’autant plus que cette écluse est là pour la forme, plus ou moins.
Par contre, elle a été l’occasion d’une petite régate amicale à la sortie jusqu’à la Marina. J’ai gardé ma place dans le rang malgré deux bateaux légèrement plus grand. Tout le monde sous voile, le Bénéteau s’est laissé rejoindre devant et le Kelt est resté derrière. Le momentle plus difficile ça a été la soirée à la marina. Je ne suis définitivement pas fait pour cet environnement: (cruisers) cabanes de toile et moustiquaire, gros steak sur charcoal, grosse bedaine, grosse blonde, grosse bière, grosse « conversation de char » mais avec les HP du bateau comme sujet principal.
C’est Jeanne qui m’a apporté la délivrance dimanche matin quand elle est arrivée avec sa soeur et son beauf pour me confier son Jean-Louis pour quelques jours. Elle avait mis sa belle robe blanche pour souligner leur 51ième anniversaire de mariage. Quelle grande générosité de la part de la belle mariée! On a célébré ça à la cantine de la marina avant de partir. Le Coka-Cola coulait à flots.
L’après-midi sur le fleuve nous a amené dans le secteur de la réserve mohawk d’Akwesasne où nous avons jeté l’ancre pour la nuit près de l’Ile St-Régis. Un secteur où il y a un poste d »essence générique à tous les trois ou quatre quai pour alimenter le trafic maritime transfrontalier intense… j’imagine.
Le lendemain matin nous étions tôt en route par petit vent portant sous DRS et Grand’voile. 4-5 noeuds sans efforts, en douce sans bruit, sur l’eau dans le petit matin. C’est un des plus beaux exemples du paradis paisible, à mon avis. Après avoir passé quelques écluses, le vent a pris de la vigueur et quand nous avons atteint le Lac St-François, nous avons même revêtu nos impers à l’approche de gros cumulus porteurs d’orage. Nous avions affalé le DRS pour le remplacer par un petit génois et nous avons finalement décidé de passer les grains sous Gr’voile seule.
De Salaberry-de-Valleyfield à l’entrée du lac St-Louis, ponts et écluses ont été nos plus grands divertissements. Sans compter l’éclusier un peu fanfaron de Beauharnois qui a un chicané les deux ados qui circulaient à voile dans le Canal. On s’est un peu obstinés pour la forme et on a un peu fait les innocents mais on l’a pas envoyé promener trop gaillardement tout de même. Il restait une deuxième écluse à passer et nous étions quelque peu prisonniers.
Rendu au Lac St-Louis, le début de l’après-midi nous avait apporté du vent toujours portant mais maintenant de 25-30 noeuds. On a tangonné le Génois #1 (150%) d’un bord et la Gr’voile de l’autre, en ciseaux. Le lac s’est rapidement défilé; parfois jusqu’à 8Noeuds jusqu’à l’entré de l’autre canal de la Voie maritime, à Kanawake, celui-là. On a affalé prés de l’écluse de Ste-Catherine et on a soupé en attendant que les éclusiers soient prêts à nous laisser passer.
Au moteur dans le canal jusqu’à St-Lambert; le vent avait tombé. Puis c’est vrai que la nuit, au moteur dans les chenaux, le paysage se déroule de façon agréable à découvrir progressivement; un sain divertissement pour les petits délinquants. Puis tant qu’à y être, pourquoi ne pas renter à la maison ce soir même?!
Après avoir traversé le port tranquille de Montréal, tranquille cette année à cause du niveau de l’eau du Fleuve si bas qu’il abaisse par le fait même la rentabilité des transatlantiques qui remontent très allégés pour ne pas toucher le fond, nous sommes rentrés à Boucherville vers 1h30 du matin.
Vous auriez bien ri de nous voir tous les deux, chacun à sa place favorite; moi dans le cockpit, à la barre et Jean-Louis à l’intérieur, devant son ordinateur, à la table de navigation. Lui confiant de me faire suivre la ligne de la route qu’il avait tracée entre les bouées. Moi, la gorge sèche, complètement à sa merci cherchant désespérément les bouées des yeux, dans le noir absolu de cette nuit sans lune.
Je dois confirmer que ce Jean-Louis, c’est notre pro de la navigation. C’est pas pour rien que tout le monde qui a une traversée ou tout autre convoyage en eaux inconnues de planifiés s’assure de l’avoir à bord. Un compagnon de route aussi utile qu’agréable; demandez à Jeanne… 51 ans de route.
Merci mon chum de nous avoir ramené à la maison sans toucher le fond.
Nous voulon des photos de ce magnifique bateau… Pénélope est très contente et sera sur la bateau plus souvent qu’à son tour… la chanceuse!!!!